Un grand boulevard de la capitale porte son nom, ainsi que El Mouradia, baptisé après l’indépendance. Didouche Mourad fait partie de ceux qui ont déclenché le 1er novembre 1954.
Didouche Mourad est né le 13 juillet 1927 à la rue des Mimosas, au quartier de la Redoute (actuellement El Mouradia), à Alger. Sa famille, modeste, est originaire d’Ibskriène, un village de la commune des Aghribs en Kabylie. Son père tient une boulangerie dans le quartier.
Il fait ses études primaires ainsi que le cycle moyen à l’école d’El Mouradia, puis rejoint le lycée technique du Ruisseau.
Surnommé « Si Abdelkader », Didouche Mourad tient parfois la boulangerie de son père. Généreux, il en profite pour donner du pain gracieusement aux nécessiteux. L’historien français, Ives Courrière, le surnomme le « Saint-juste de la révolution » dans « Les fils de la Toussaint » (Paris, Fayard, 1968).
Nourrit très tôt à la mamelle du nationalisme, il n’a pas encore 16 ans lorsqu’il adhère au Parti du peuple algérien (PPA). Il participe ainsi à l’organisation des manifestations du 8 mai 1945, qui vont entraîner la répression sauvage des forces coloniales et ancrer l’idée chez le jeune Didouche que l’indépendance ne peut s’obtenir que par la lutte armée.
Deux ans plus tard, il travaille comme cheminot à la gare centrale d’Alger et milite à la CGT ; il est nommé responsable des quartiers de la Redoute (El Mouradia), du Clos Salembier (El Madania), et de Bir Mourad Raïs.
Très tôt membre du mouvement des Scouts Musulmans Algériens (S.M.A.), véritable école du nationalisme ; il est l’un des fondateurs du RAMA, club omnisports de la Redoute ; il crée aussi en 1946 la troupe de scouts « Al-Amal » ainsi que l’équipe sportive « al-Sarie Al-Riadhi » d’Alger.
En 1947, il organise les élections municipales dans sa zone et se rend également en Oranie afin d’organiser la campagne électorale de son Parti PPA-MTLD, pour l’assemblée algérienne. Arrêté dans une rafle, il réussit à s’enfuir du tribunal.
La même année, il participe à la création de l’Organisation spéciale (OS), branche clandestine du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) ; il est un de ses militants les plus actifs.
Lors de la découverte de ses responsabilités au sein de l’organisation en mars 1950, et après l’échec de l’administration française à le capturer, un jugement par contumace est prononcé contre lui, le condamnant à 10 ans de prison. Il constitue en 1952, avec Ben Boulaïd, un noyau clandestin dans Alger dont la mission est la fabrication de bombes en prévision du déclenchement de la Révolution.
Lors de la crise de 1953-1954 au sein du MTLD, opposant le Comité Central du parti à Messali El Hadj, il se rend en France, où il devient l’adjoint de Mohamed Boudiaf de la Fédération de France du MTLD.
Au début de 1954, avec Ahmed Mahsas, ils élaborent un projet de parti véritablement révolutionnaire ; en mars 1954, Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche rentrent en Algérie et prennent contact avec quelques anciens membres de l’OS.
Il participe avec huit de ses compagnons à la création du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA). Il participe également à la réunion des « 22 », tenue en juin 1954, au cours de laquelle est décidé le déclenchement de la Révolution. De cette réunion, émerge le premier « Conseil de la Révolution », composé de 5 membres dont Didouche Mourad, qui est nommé responsable de la zone II (Wilaya II).
Il est l’un des rédacteurs de la Déclaration du 1er novembre 1954 et réussit avec l’aide de son adjoint Zighout Youcef, à jeter les bases d’une organisation politico-militaire.
Le 18 janvier 1955, alors qu’il n’a pas encore bouclé sa vingt-huitième année, Didouche Mourad meurt à la bataille du douar Souadek, à Condé-Smendou, près de Constantine. Il est ainsi le premier chef de zone à tomber au champ d’honneur.
Synthèse K.T.
Sources :
« Des mimosas pour Didouche Mourad », par Zouhir Mebarki, publié dans L’Expression le 20 – 01 – 2011