Céréales : Objectif, 80 millions de quintaux à l’horizon 2030

Céréales : Objectif, 80 millions de quintaux à l’horizon 2030

Fouad Chahat, DG de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) a été, hier, l’invité de la chaîne 3. Au cours de cette émission, il a été signalé que l’agriculture représente 10% du BIP. Aussi, c’est l’un des rares secteurs sur lequel l’Algérie mise pour accélérer sa croissance économique.

L’intervenant a déclaré que le secteur a des potentialités énormes qui ne sont pas encore exploitées en ce qui concerne la production de végétaux et d’animaux. Il a les capacités d’être un réel moteur d’industrialisation, d’économie et de développement. Selon lui, c’est une industrie de plus en plus diversifiée orientée aussi bien vers les marchés nationaux que vers l’exportation. Selon Chahat, pour accroître la production, l’État doit rompre avec les pratiques routinières qui paralysent le développement du secteur. Selon lui, l’innovation y est donc nécessaire. à cet effet, il faut continuer à approfondir la démarche d’intensification de la production agricole, l’accroissement de rendement. Le responsable a ajouté que pour plus de productivité, il faut une modernisation des techniques agricoles en introduisant des technologies nouvelles. Dans ce contexte, il a affirmé qu’il y a lieu d’utiliser davantage de fertilisants chimiques et organiques pour améliorer la production tout en mettant en pratique les bonnes techniques d’irrigation. Selon lui, ce sont des irrigations d’appoint de 1000 à 2000 m3 par hectare. Cette pratique permet de trouver localement des quantités d’eau nécessaires quitte à les créer. D’autre part, il a ajouté qu’il est indispensable de diversifier les variétés de semences des plants utilisés. Pour avoir un impact réel sur les rendements, il y a lieu de faire de grands efforts en matière de mécanisation de l’activité agricole. Selon lui, il ne sert à rien d’accroître la superficie de terres arables à travers le territoire national. De ce fait, il a déclaré que ces terres représentent 8 millions et demi d’hectares soit plus de 3 millions d’hectares destinés seulement pour la céréaliculture. Dans ce contexte, peut-on se contenter annuellement de cette quantifié d’eau dans la production de la céréaliculture qui avoisine les 30 millions de quintaux/an ? Chahat a déclaré que d‘ici à 2030, il faudra prévoir au moins 80 millions de quintaux. Face à cela, le pays est condamné à augmenter la production de blé dur pour lequel il y a des potentialités naturelles intéressantes. Selon lui, il y a une demande importante dans ce sens aussi pour les marchés intérieur qu’extérieur.

Il a ajouté qu’il y a très peu de pays vendeurs de blé dur. Il est évident que c’est l’investissement privé qui doit être plus important et plus consistant dans les deux secteurs aussi bien dans le segment agricole que dans celui de l’industriel. De ce fait, il faut créer une liberté d’initiative chez les exploitants. à titre d’exemple, il a cité l’exploitation du maïs par le privé qui a réussi dans cette initiative donc sans appui de l’État. Par ailleurs, il a cité la réussite constatée pour la production de maïs dans les zones sud du territoire. Concernant l’industrie, l’intervenant a souligné qu’il est évident que c‘est l’investissement privé qui est interpellé. Par conséquent, il a été évoqué les 100 milliards de DA qui sont investis annuellement par l’État dans le secteur de l’agriculture. Il a été constaté que ce sont des investissements qui s’avèrent minimes si on les compare avec les volumes de l’exportation qui deviennent de plus en plus importants. Chahat a indiqué qu’une bonne partie de cette somme, sert à soutenir les prix à la production de lait et de céréales et à subventionner l’achat de matériels agricoles à 0% de taux d’intérêt. D’autre part, il a été question de la préservation des terres agricoles pour leur exploitation effective. à cet effet, Chahat a déclaré qu’il faut accélérer la stabilisation de la propriété foncière entre les mains de ceux qui sont en train de travailler la terre. Concernant le cas des étrangers voulant acquérir des superficies agricoles en Algérie, l’intervenant a déclaré que les terres algériennes resteront algériennes. Néanmoins, selon lui, ces étrangers peuvent apporter leur soutien en matière de gestion agricole.

L’intervenant a souligné que 80% des exploitants ont moins de 10 hectares ce qui n’est pas suffisant pour procéder à la modernisation des techniques agricoles. Par conséquent, il a été soulevé le problème de la main- d’œuvre dans le secteur qui fait cruellement défaut. à ce sujet, Chahat a affirmé que dans tous les pays du monde, la main-d’œuvre agricole régresse en fonction de la généralisation de l’enseignement y compris dans les localités les plus reculées. à cet effet, l’intervenant a affirmé que la plupart des jeunes ayant reçu des formations dans les filières de leurs choix ne sont plus intéressés par le travail agricole qui dépend fortement de techniques obsolètes rendant ainsi ce travail extrêmement pénible et repoussant.

Lazreg Aounallah