Certains y voient une sorte de solution au problème de l’informel : Quelles perspectives pour la finance islamique ?

Certains y voient une sorte de solution au problème de l’informel : Quelles perspectives pour la finance islamique ?

Écrit par Farid Messaoud

En Algérie, la finance islamique doit permettre, selon des spécialistes, de mieux financiariser l’économie par l’utilisation des sukuk et la création d’une offre grand public. L’utilisation des sukuk va permettre au pays de diversifier ses sources de financement externes et de contribuer aussi au financement de ses entreprises nationales.

L’offre de produits bancaires grand public aura pour premier effet de soutenir le marché de l’immobilier et de la construction grâce à l’octroi de nouveaux crédits.

Grâce à la mise sur le marché d’une offre grand public de comptes d’épargne sans intérêts et/ou participatifs, les banques arriveront à drainer de nouvelles ressources dormantes, thésaurisées hors circuit bancaire. Dans le but de combler son déficit budgétaire dû à la baisse du prix du baril et la faiblesse des exportations, le gouvernement souhaite faire évoluer rapidement ce secteur. Il était d’ailleurs question qu’une offre financière conforme à la jurisprudence musulmane soit faite en 2018 par deux banques publiques, puis par quatre autres dans un futur proche. L’Exécutif a prévu également de recourir à plusieurs émissions souveraines de sukuk entre 2018 et 2022. Et il a fait savoir que se financer sur les marchés financiers islamiques et capter les ressources des marchés informels est tout à fait possible. Mais on constate qu’il existe, sans aucun doute, un fossé entre les intentions et les actions.

Et le gouvernement ne dit pas de quelle manière il entend lever, à l’avenir, les contradictions qui subsistent manifestement entre les intentions et la réalité en matière de finance islamique.

En dépit de l’introduction de la banque Al Baraka d’Algérie, au début des années 1990, et en l’absence d’un cadre juridique et règlementaire, la finance islamique est en effet restée relativement peu développée en Algérie. Seules certaines banques privées disposant de capitaux étrangers, telles que les banques Al Baraka d’Algérie, Algeria Gulf Bank, Al Salam Bank Algeria et Trust Bank Algeria proposent actuellement des produits financiers islamiques.

Mais pourquoi cette valse-hésitation des autorités au sujet de cette finance ? Pour certains experts, la finance islamique n’est pas une recette miracle permettant de régler des problèmes en lien avec la sphère financière, dont l’informel. Et, ils estiment que ce qui fonctionne avec succès dans certains pays, peut ne pas fonctionner aussi bien dans d’autres. La finance islamique représente aujourd’hui moins de 2% du secteur financier mondial, avec plus de 2200 milliards d’euros d’actifs. Mais sa réserve de croissance est considérable dans la mesure où seuls 40 millions des 1.6 milliard de musulmans en sont aujourd’hui clients. Le Fonds monétaire international (FMI) y a consacré un rapport, qui estime que les actifs des institutions financières islamiques ont été multipliés par 9 entre 2003 et 2013. Compartiment de la finance éthique, la finance islamique recouvre l’ensemble des transactions et produits financiers conformes à la loi musulmane. Elle repose sur 5 piliers qui lui sont propres : l’interdiction de l’intérêt, la prohibition de la réalisation d’investissements aléatoires et incertains et de la spéculation hasardeuse, l’obligation de partager les pertes et profits et l’obligation d’investir exclusivement dans l’économie réelle et tangible. A ces règles, s’ajoute l’exclusion de certains secteurs d’investissements jugés nocifs à la vie. En 1975, l’Organisation de la conférence islamique crée la Banque islamique de développement (BID), ouvrant la voie à de multiples initiatives publiques et privées dans les pays musulmans, notamment à Dubaï, au Koweït, en Malaisie, au Soudan, en Iran, et au Pakistan.

En 1992, l’Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions (AAOIFI) est créée à Alger, puis déplacée à

Bahreïn. Cette institution a joué un rôle dans l’expansion de la finance islamique en mettant en place des normes communes.