Accompagnant leurs parents aux bureaux de vote, ils ont les yeux écarquillés par la curiosité, le regard examinateur, interrogatif, scrutant le moindre détail, suivant le moindre geste, s’interrogeant sur les attitudes adoptées par l’un ou l’autre des votants, ces enfants comprennent-ils le sens et la portée du vote de leurs parents ? Saisissent-ils les conséquences d’une élection ? Savent-ils ce que c’est qu’une Assemblée nationale ?
« On se dit qu’ils ont tout le temps de répondre à toutes ces questions plus tard, pour l’instant on essaye de leur transmettre l’importance de ce geste pour notre pays, de leur expliquer d’abord en quoi consiste un vote sans trop rentrer dans le détails d’éveiller en eux leur conscience citoyenne comme ça ils choisiront demain d’exercer ce droit ou pas », dira Amar venu voter au lycée Emir Abdelkader accompagné de Rafik, son fils âgé de 10 ans. Rafik sait-il pour qui son père a voté ? « Non je ne sais pas, c’est bien que mon père garde ça secret car sinon, l’isoloir, il sert à quoi ? », rétorque avec intelligence Rafik. Ils sont nombreux ces parents qui pensent à emmener leurs enfants avec eux aux bureaux de vote. C’est même devenu presque une tradition pour beaucoup d’Algériens de se faire accompagner aux urnes par leurs enfants. Simple réflexe automatique, ou volonté réelle d’inculquer à leur progéniture le mouvement citoyen ? « Renforcer l’éducation civique dans les manuels scolaires peut être une solution pour inciter les jeunes à accomplir leur devoirs électoral, mais on voit que ces jeunes ne s’impliquent pas par cette éducation informative qu’ils apprennent a l’école, ce qui marche c’est l’éducation par l’ exemple, les parents qui emmènent leurs enfants au bureau de vote, qui encouragent ceux-ci à parler politique à la maison… », nous dira Dr Samia Kacimi psychologue. Aux alentours du CEM Pasteur, au niveau de l’avenue Pasteur, un papa se dit fier que son fils Rahim, 16 ans l’accompagne pour accomplir son devoir électoral. « Il aura le droit d’exprimer sa propre voix dans à peine deux ans et je veux qu’il comprenne que c’est un moment spécial, que l’enjeu est crucial, que sa participation est importante », dira le papa de Rahim. Une autre maman, avocate, rencontrée dans le même centre de vote reconnaît qu’elle se fait accompagner à chaque élection par sa fille, mais qu’elle ne débat pas trop politique avec elle car elle estime qu’à 8 ans, son jeune esprit n’assimile pas trop les rouages de la politique. « J’emmène ma fille dans le bureau de vote, lui montre l’isoloir, lui explique le déroulement du vote, sans livrer ni mes choix ni mes opinions », dira l’avocate. « Ce n’est pas toujours vrai que les petits ne comprennent rien à la politique, ils en parlent à l’école, ils en parlent au quartier, ils entendent leurs parents en parler, ils regardent la télévision, ils voient ce qui se passe sur la toile, maintenant il revient aux parents d’expliquer aux enfants la vision des différents partis politiques avec leurs mots et leurs incertitudes », estime Dr Kacimi.