Durant la moitié du mois en cours, ce sont dix ouvriers de différentes nationalités, dont algérienne, qui ont perdu la vie sur plusieurs chantiers. Depuis le début de l’année, plus de 100 ouvriers ont connu le même sort, notamment sur les grands chantiers tels que ceux relevant du secteur du bâtiment. Quelles sont les causes de ce nombre sans précédent de cas de décès ?
La cadence des travaux sur les chantiers à laquelle les ouvriers, aussi bien algériens qu’étrangers, sont soumis serait à l’origine de la mort de plus d’une centaine d’entre eux depuis le début de l’année, écrasés par des engins de travaux publics, victimes de chutes mortelles de plusieurs étages ou encore brûlés grièvement.
Une situation face à laquelle la tutelle se trouve contrainte de prendre des mesures.
Chaque jour, la Gendarmerie nationale est confrontée à des cas de décès d’ouvriers sur chantier. La Gendarmerie nationale d’Alger a, par exemple, traité avant-hier une affaire relative au décès d’un ouvrier, survenu sur le chantier AADL de Réghaïa.
L’ouvrier algérien, âgé de 41 ans et travaillant pour une société turque chargée d’un projet de réalisation de logements du programme AADL, dans la commune de Réghaïa, a été enseveli par un amas de terre lors de travaux dans une fosse du chantier en question. Il est décédé sur-le-champ. Le corps du défunt a été déposé à la morgue de l’hôpital de Rouiba.
La brigade de Gendarmerie nationale de Réghaïa a ouvert une enquête. Le 15 août dernier, dans la wilaya de Boumerdès, un ouvrier chinois, âgé de 45 ans et travaillant pour le compte d’une société chinoise chargée du projet de réalisation de 2 200 logements de l’OPGI à la cité Ben Marzouga, commune de Boudouaou, a fait une chute du 4e étage d’un immeuble audit chantier, subissant des blessures mortelles. La dépouille mortelle a été déposée à la morgue de l’hôpital de Thenia. La brigade de Gendarmerie nationale de Boudouaou a ouvert une enquête.
Un jour plus tôt, trois ouvriers algériens travaillant dans une entreprise chargée de la réfection d’un chemin communal, ont été heurtés par un engin de travaux publics. Bilan : un mort et deux blessés graves. Le drame s’est produit sur la RN 40 au douar Macheraf, commune de Tagdemt.
Laissé en stationnement par son conducteur sur une pente, l’engin s’est mis en marche, heurtant ainsi sur son passage les trois ouvriers de ladite entreprise avant de se renverser dans un ravin. Les deux blessés ont été transportés à l’hôpital de Tiaret, où est a également déposée la dépouille mortelle. La brigade de Gendarmerie nationale de Mechraâ Safa a ouvert une enquête.
Le même jour, mais cette fois-ci à Ouargla, un autre ouvrier âgé de 26 ans, travaillant pour une société privée de construction chargée de la réalisation de 36 logements à la cité Sakra, commune de Rouissat, a subi des brûlures graves après avoir touché avec une barre de fer un câble de haute tension sur le chantier. Le blessé a été transporté à l’hôpital de Ouargla où il a rendu l’âme des suites de ses brûlures.
Toujours durant la même journée, un ressortissant chinois, employé par une société chinoise chargée de la réalisation de 112 logements (résidence Panorama), dans la localité d’Annaba, a fait une chute accidentelle du 1er étage d’un immeuble sur ledit chantier, subissant des blessures mortelles à la tête. La dépouille mortelle a été déposée à la morgue du CHU d’Annaba. Une enquête est ouverte par la brigade de Gendarmerie nationale d’Annaba.
Les chutes dans les chantiers en hausse
Les cas de chutes mortelles dans les chantiers ont grimpé cette année. Les causes de cette tragédie restent incontestablement la pression à laquelle sont soumis les ouvriers.
Les délais de réalisation des projets étant trop réduits et les moyens humains et matériels dont devraient disposer les entreprises engagées dans la réalisation des projets enregistrant un manque flagrant sont les deux causes essentielles de la hausse des décès sur les chantiers.
Le 5 août passé, un ressortissant chinois, ouvrier dans une société chinoise de construction chargée de la réalisation de 2 500 logements du programme AADL, dans la commune d’Es-Senia, a fait une chute accidentelle du 3e étage d’un immeuble sue ledit chantier, qui lui a causé des blessures sur diverses parties de son corps. Le blessé a été transféré à l’hôpital d’Oran où il est gardé en observation médicale. Une enquête est ouverte par la brigade de Gendarmerie nationale d’Es-Senia.
Le nommé K. M, 32 ans, employé dans une entreprise privée chargée du projet de raccordement au réseau d’électricité des villes de Sidi Kada et Froha (Mascara), après avoir escaladé un poteau électrique de haute tension dans la circonscription communale de Sidi-Kada, a fait avant-hier une chute dans le vide après avoir touché par inadvertance un câble électrique, subissant des brûlures sur diverses parties du corps, a rapporté la Gendarmerie nationale. Il a été transporté à la polyclinique de Sidi-Kada, avant de décéder au cours de son transfert vers l’hôpital de Tighennif. Une enquête est ouverte par la brigade de Gendarmerie nationale de Sidi Kada.
D’autre part, un ouvrier chinois âgé de 40 ans travaillant pour une société chinoise chargée des travaux d’élargissement de la RN 01, entre Berrouaghia et Médéa, a fait une chute accidentelle d’un engin de travaux publics en marche, sur le chantier de ladite société sis à la localité de Benchicao, subissant des blessures graves.
Il a été transporté à l’hôpital de Médéa où il est gardé en observation médicale. Une enquête est ouverte par la brigade de Gendarmerie nationale de Benchicao.
Un autre accident sur un chantier à Médéa a eu lieu jeudi dernier lorsqu’un ouvrier guinéen a fait une chute mortelle dans le vide. Le ressortissant africain a malheureusement perdu la vie après avoir été transféré à l’hôpital de la ville.