Chaabane Merzekane : «Surtout prendre au sérieux la Tanzanie»

Chaabane Merzekane : «Surtout prendre au sérieux la Tanzanie»

Chaabane Merzekane, l’ancien joueur du NAHD et ex-international, nous fait état de son analyse après le match nul des Verts à Dar Es Salam. Fidèle à lui-même, Merzekane livre ses sentiments sans concession aucune ; avec lui quand c’est noir, c’est noir, pas blanc, et surtout pas gris. Consultant émérite, il parle sans ambages, sans détours aussi.

Quels commentaires faites-vous du match nul concédé par l’équipe nationale en Tanzanie ?

Je voudrais dire tout d’abord que le onze de départ n’était forcément pas celui qu’on attendait. Il y avait beaucoup de défaillances dans le système mis en place. Je ne comprenais pas ce que faisait Belfodil dans ce match. Il a perdu beaucoup de balles au moment où il fallait les garder et aller provoquer devant. Je pense que le choix des joueurs allié au système mis en place a failli nous coûter une raclée. C’est une faillite tactique. Nous n’avons jamais su nous organiser, on n’a pas su prendre le dessus, ceci en première période. On a eu à peine le temps de sortir la tête de l’eau. Comme je n’ai pas compris pourquoi nous étions sur la défensive durant toute la première mi-temps. Fort heureusement, on s’était quelque peu repris en seconde période. Là, il y avait une réorganisation dans l’entrejeu et, du coup, les choses sont allées un peu mieux pour nous. La rentrée de Nabil  Bentaleb à la pause a apporté un certain équilibre dans l’équipe. Avec cette rentrée, nous sommes passés à un 4-5-1 classique et assez souvent, on a joué avec un 4-3-2-1 ;  ce qui nous a permis d’avoir beaucoup d’espaces. D’ailleurs, c’est ce réajustement qui a permis à Slimani d’avoir les espaces nécessaires. La suite, ce sont deux buts qui nous permettent de rester en vie.

Avant cela, on avait frôlé aussi le trois à zéro…

Oui, cela aurait été carrément la catastrophe. Avec cette balle de trois à zéro dans les pieds, j’avais vraiment peur, parce que s’il l’avait mise dedans, alors qu’on était à l’heure de jeu, là c’était carrément adieu veaux, vaches… Les choses auraient été beaucoup plus compliquées pour nous, pour ne pas dire qu’on aurait été sortis.

Oui, mais à 2-2, il reste quand même un match demain à Blida. Comment  le voyez-vous ?

Oh, attention, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Cette équipe tanzanienne n’est pas aussi facile qu’on peut bien le penser.  Déjà chez eux, ils nous ont imposé un rythme assez soutenu. C’est une équipe qui manque d’expérience, c’est tout. A deux à zéro chez eux, ils ont continué à attaquer, alors qu’une autre équipe, autrement bien plus expérimentée, aurait reculé d’un cran pour nous laisser venir et nous surprendre par un contre rapide. La Tanzanie est une équipe qui est bien organisée et qui a un bien meilleur fond de jeu. C’est une équipe qu’il faut prendre très au sérieux. Rien n’est encore acquis pour nous, ces deux buts partout, il ne faut pas se reposer dessus. En tout cas, demain à Blida, il nous faut changer certaines de nos manières, changer certains aspects de notre jeu.

Quand vous dites changer certaines de nos manières, cela veut dire quoi ?

Déjà mettre un onze capable de bousculer cette équipe tanzanienne. Mettre les meilleurs joueurs sur le terrain. Certains ont eu énormément de chance de jouer et n’ont pas apporté ce qu’on attend d’eux. Là, je pense qu’il faut, cette fois-ci, se rendre à l’évidence et donner la chance aux autres…

Quels sont ces joueurs qui ont eu beaucoup de chances sans pour autant apporter au jeu de l’EN ?

Ce n’est pas seulement moi qui vous le dirai, mais je crois qu’un garçon comme Belfodil n’apporte rien. On a beau lui donner chance sur chance, hélas, il n’a pas su saisir ces chances-là. A chaque fois son rendement est en deçà des attentes. Je crois qu’il est temps qu’on ouvre la porte pour Bounedjah qui, lui, ne joue que quelques petites minutes à chaque fois. Cela étant, je précise que je ne remets pas en cause les qualités de Belfodil, mais je parle de ses prestations en sélection où son niveau a régressé. Bounedjah, s’il ne concurrence pas Slimani et Soudani, il peut aisément la faire avec Belfodil. Et puis, il y a autre chose. Quand je vois l’EN jouer, j’ai l’impression que c’est  plus une présélection qu’une équipe nationale. Vous l’avez sans doute remarqué, à chaque match, il y a un nouveau onze. On change continuellement, ce n’est pas bon pour la stabilité de l’équipe, c’est perturbant. Je pense que la colonne vertébrale de l’équipe ne devrait pas être chamboulée constamment, comme on est en train de le faire. Lors des deux derniers matches, c’était Doukha dans les buts, là c’est Mbolhi, c’est quoi ça ? C’est une équipe nationale, on devrait faire attention à l’équilibre de ses lignes ; à trop changer dans certains postes on finit par la déstabiliser.

M. O.