Les changements climatiques auront un impact négatif en Méditerranée, considérée comme l’un des 25 points chauds dans le monde. En un mot, la température est appelée à augmenter et passer de 1,4 à 5,8 degrés en 2040 dans un scénario de laisser-faire. Imaginez les conséquences sociales et économiques : des saisons sèches, beaucoup moins de précipitations… De ce fait, l’Algérie faisant partie de cette région est classée comme pays très vulnérable, a averti Rachid Bessaoud, expert international dans ce domaine et membre du comité national chargé du climat, lors de son intervention au cours de la journée scientifique et technique portant sur l’atténuation des gaz à effet de serre.
Pour éviter un tel scénario, l’Algérie s’est engagée, dans le cadre de l’accord Cop 21 de Paris, à réduire de 7% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Il faut savoir que pour la majorité des pays de la planète signataires, l’objectif de cet arrangement est de parvenir en moyenne à réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière à ce que la température dans le monde augmente de moins de 2 degrés Celsius et atteindre 1,5 degré au cas où la communauté internationale sensibilisée à ce risque planétaire s’attellerait résolument à réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre, les pays développés responsables historiquement de cette situation devant être les plus entreprenants dans cet effort. L’Algérie veut aller plus loin, elle se fixe pour objectif de réduire de 23%, à cette échéance, les émissions de gaz à effet de serre si ses actions en ce sens sont soutenues financièrement et accompagnées par un transfert technologique des pays développés.
Rachid Bessaoud estime que l’Algérie est confrontée à une triple vulnérabilité : une vulnérabilité naturelle dans notre pays, une vulnérabilité économique : la dépendance aux hydrocarbures et, depuis 2014, celle liée aux effets de la chute des prix du pétrole. L’expert international a souligné que le secteur de l’énergie est le principal secteur émetteur de gaz à effet de serre. Cet effort national de réduction des gaz à effet de serre est inséré dans un programme de développement des énergies renouvelables actualisé en mai 2015, a observé M. Hamel, conseiller du ministre de l’Énergie. Selon lui, le gaz naturel, de par sa spécificité le moins polluant des énergies fossiles, sera privilégié dans la consommation mondiale d’énergie aux horizons 2030-2040 et est un élément principal du mix énergétique de l’Algérie à ces échéances.
Révision de la loi sur l’efficacité énergétique
Mohamed Bouzeriba, directeur général de l’Aprue, a abordé dans son intervention le programme de maîtrise de l’énergie et d’efficacité énergétique. Il est question, notamment, d’équiper 5 000 logements annuellement en isolation thermique (économie d’énergie de 40%) et le plan ambitionne la conversion des véhicules au GPL : conversion de 100 000 véhicules au GPL carburant en 2018, 500 000 véhicules d’ici à 2021 et 1 million de véhicules d’ici à 2030. Le premier responsable de l’Aprue a indiqué que la loi sur l’efficacité énergétique est en cours de révision par le ministère de l’Énergie prévoyant que les entreprises seront contraintes de par cette réglementation d’appliquer les recommandations des audits environnementaux. Le représentant de Sonatrach a indiqué que le torchage du gaz a été réduit : un taux qui est passé de 78,6% en 1973 à 9,7% en 2010.
Quant à la représentante du ministère des Affaires étrangères, impliquée dans les négociations sur le climat, elle a relevé que le recours aux institutions internationales pour financer le programme algérien de réduction des émissions de gaz à effet de serre bute sur une réalité : l’Algérie a décidé de ne pas recourir aux crédits extérieurs. Or, ce que proposent les organisations internationales dans le domaine du climat, ce sont des prêts, a-t-elle ajouté.
Parmi les engagements de l’accord Cop 21, l’Algérie doit renforcer la transparence, en particulier des données sur les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui constitue un grand chantier. Au cours du débat, M. Attar, le vice-président de l’Association algérienne de l’industrie du gaz (AIG), l’organisatrice de l’évènement, a relevé le manque de communication sur le plan national sur le climat et sur les activités du Comité national sur le climat. Une réalité reconnue par différents membres du panel.
K. Remouche