Le limogeage de Chakib Khelil et la désignation d’une nouvelle équipe à la direction de Sonatrach sont largement commentés par les experts internationaux.
Ils espèrent que ces changements relanceront le secteur de l’énergie et redonneront confiance aux investisseurs étrangers.
Le départ de Chakib Khelil du gouvernement n’est pas passé inaperçu à l’étranger, surtout dans les milieux des experts en matière d’hydrocarbures.
Une semaine après le remaniement de l’Exécutif, qui a conduit au limogeage du ministre de l’Énergie et des Mines, les analyses se multiplient sur les raisons qui ont poussé le président Bouteflika à se séparer de lui, les conséquences de sa disgrâce sur l’avenir de Sonatrach et des investissements étrangers dans les secteurs du pétrole et du gaz.
Elles s’attardent également sur le profil de Youcef Yousfi, son successeur. Décrivant Chakib Khelil comme “le père des libéralisations ratées”, le cabinet de consulting anglo-américain IHS Global Insight voit dans son limogeage “la fin d’une ère” dans l’industrie des hydrocarbures en Algérie.
Dans une série d’observations rendues publiques à la fin de la semaine écoulée, ce groupement d’experts spécialisés dans l’évaluation des risques en matière d’investissements espère que le changement, qui vient d’être opéré, devrait mettre fin à une longue période de stagnation et de difficultés qui ont entravé le développement du secteur de l’énergie en Algérie et sa dotation d’une stratégie claire et efficiente.
Selon IHS Global Insight, cet immobilisme fait suite à l’échec de l’ex-ministre à parachever ses réformes et à imposer sa politique de libéralisation. Le cabinet d’experts estime que le coup de grâce lui a été donné après l’éclatement du scandale de corruption qui a éclaboussé ses plus proches collaborateurs, dans le staff dirigeant de Sonatrach.
Sans préjuger des intentions de son remplaçant, et encore moins sur sa longévité, les analystes pensent que Youcef Yousfi est susceptible d’opérer des changements salutaires, dans un climat de plus grande sérénité. IHS Global Insight voit dans son rappel à la tête du ministère de l’Énergie – il avait occupé le même poste sous la présidence de Liamine Zeroual – une garantie que le pouvoir a voulu offrir aux milieux hostiles à la libéralisation du secteur des hydrocarbures.
“Tout en évitant prudemment de s’engager sur ce terrain, Yousfi pourrait introduire des réformes structurelles et stratégiques, de manière plus diplomatique”, observe le cabinet d’expertise. Il pense que la tâche primordiale de Yousfi consiste à relancer les investissements étrangers, surtout dans le domaine de la prospection, en adoptant des mesures plus attractives.
Dans le secteur de la production, IHS Global Insight estime que la relance de la machine nécessite une plus grande souplesse des mécanismes de gestion et de décision. D’après lui, les affaires de corruption et la bureaucratie ont paralysé les activités de Sonatrach. La nomination de Noureddine Cherouati à sa tête pourrait remédier à cette situation.
C’est en tout cas le souhait de Petrolum- Economist. “Après quatre mois de flottement, Sonatrach a un nouveau directeur général et avec lui la perspective d’une accélération dans l’exécution des projets, mis en stand-by”, commente cet organisme britannique de recherche et de prospection, spécialisé dans les questions de pétrole. Mercredi dernier, il publiait un article, estimant que la désignation de Cherouati à la tête de la société nationale des hydrocarbures a pour objectif de “remettre de l’ordre” dans la compagnie, après une période de grandes turbulences.
Petrolum-Economist considère que cette décision vise aussi à regagner la confiance des investisseurs étrangers. Pour autant, il suspecte les cadres dirigeants de vouloir adopter des attitudes prudentes et de freiner leurs initiatives, par peur d’être compromis dans de nouvelles affaires de corruption.
Samia Lokmane-Khelil