À Béjaïa, si le Mouloudia local semble avoir touché le fond, la violence fait pire que de flirter avec les sommets. On croit même qu’elle a atteint un pic sans précédent.
Il suffit de faire un tour sur les pages des réseaux sociaux pour comprendre que le fair-play et l’hospitalité ne font plus partie des vertus footballistiques. Des insultes, des promesses de représailles et ce fichu régionalisme qui gangrène les mentalités de nos jeunes. Le sport roi divise plus qu’il unifie. C’est une triste réalité. Avant la tenue de cette partie entre Mobistes et Usmistes, il y avait déjà de la tension dans l’air entre les « conditionnels » des deux formations. Les Béjaouis n’ont pas oublié qu’ils se sont fait tabasser, à Bologhine le 19 août dernier en ouverture de la Ligue 1 Mobilis, lors du déplacement à Alger. C’est avec l’envie d’en découdre que certains jeunes se sont rendus au stade avant-hier pour nous offrir les images déplorables qu’on a vues à la télévision et dans les journaux. Le match de foot était juste un prétexte pour laver l’affront. Et ce n’est pas une attitude propre aux Béjaouis parce que c’est ce qui se passe, on le regrette, dans les quatre coins du pays. Des actes qui reflètent tous les maux dont souffre notre société. Des jeunes qui ont fait des enceintes un défouloir pour évacuer la frustration du quotidien. Pour briser une routine avec des affrontements et des lynchages qui mettent leur intégrité physiques et, parfois, leur vie en péril. Du côté de « Vgayet », la tension semble à son maximum et la situation ne cesse d’empirer. Après avoir filmé les agressions sur les fans du MC Oran qui ont été écharpés et poursuivis dans chaque recoin de la wilaya, voilà qu’il y a récidive. Cette fois, c’est dans l’antre même où la rencontre s’était déroulée.
Le cauchemar de Saïda rattrape l’USMA
Les visiteurs ont échappé de justesse aux violences physiques comme ce fut le cas à Saïda il y a cinq ans. Le 15 avril 2012, les Unionistes ont vécu l’enfer dans le nord-ouest du pays. Le défenseur Abdelkader Laïfaoui a même été touché par un coup de poignard et a été hospitalisé. Ses compères Hamiti, Chafai, Bouchema, Maiga, le gardien Zemmamouche ainsi que le dirigeant Abdallah Cherchar ont été, eux aussi, transférés au service des urgences depuis le stade. La suite on la connaît, le MCS a écopé d’une sanction de 8 matchs à huis clos loin des bases et une amende de 200 000 DA. La partie étant allée au bout, les Mobistes risqueraient autant de sorties sans leur galerie. Surtout si la commission de discipline venait à appliquer l’alinéa 3 de l’article de 70 portant sur » l’envahissement du terrain entraînant des incidents graves ». Ce dépassement est passible de » quatre matchs à huis-clos au (x) club (s) fautif (s) et cent mille dinars (100 000 DA) d’amende » comme stipulé. Pour la récidive, ce qui est le cas pour le MOB, la peine devrait être doublée. Un sérieux coup pour les « Crabes » dans une course pour la survie déjà mal-engagée.
Hankouche, le départ annonciateur
Il y a quelques jours, le driver Mohamed Hankouche a décidé de céder les rênes de la barre technique qui lui ont été confiées début janvier. Le technicien n’a pas été gâté dans sa fonction. « J’ai subi des menaces et des pressions pour démissionner. Certains supporters m’ont demandé de me retirer de la barre technique, sinon je vais subir un autre sort, si je continue à travailler. Il faut dire que ce groupe de supporters s’en est pris à nous à la fin de la séance dans les vestiaires en nous insultant et menaçant. Devant une telle situation, j’ai pris la décision de me retirer, car je ne peux plus travailler dans de telles conditions, bien que j’étais prêt à relever le défi pour mener l’équipe à bon port», a lâché celui qui a essayé de succéder à Youcef Bouzidi dans un climat délétère. Hankouche va même un peu plus loin en parlant de propos racistes. » Je n’accepte pas les insultes ni autre chose. J’ai reçu des menaces de mort sans parler des insultes de la part de personnes présentes avant-hier au stade. J’étais même victime de propos racistes. Je n’ai jamais vu ça de ma vie. Ils m’ont dit que si je remettais les pieds à Béjaïa, ils me tueraient. Je ne veux pas jouer car ça devient vraiment dangereux. Je préfère me retirer dans le calme au lieu de faire le héros et continuer. D’ailleurs, après ce qui s’est passé je n’ai même pas l’intention de revenir car ce n’est plus du football », avait-il condamné. La première sortie ayant suivi sa démission, ça a dégénéré. C’est pour dire que l’ex-driver du CR Belouizdad et du MC Oran entre autres savait de quoi il parlait. Le team de « Yemma Gouraya » est sur une poudrière. Ce sont les voyous qui dictent la loi. Et ce n’est pas en agissant de la sorte qu’ils augmenteraient les chances de leur équipe pour rester dans le palier suprême. Le contexte est tendu à l’extrême. Le reflet est là : la vengeance, la haine et le voyoutisme, vous êtes dans la « Daech League ». Les jeunes crapules se cachent derrière la balle ronde pour extérioriser leurs démons. Peut-être que le temps est venu d’arrêter définitivement ce fichu football !