Cheikh Ali Tidjani, descendant du fondateur et XIIème calife général de la Tidjaniya

Cheikh Ali Tidjani, descendant du fondateur et XIIème calife général de la Tidjaniya

ALGER – Petit fils au quatrième degré du fondateur de la zaouïa Tidjaniya, Cheikh Ali Tidjani en est devenu le douzième calife général en octobre 2010. A ce jour et depuis le conclave des adeptes, réunis dans la mosquée de son grand-père a Ain Madhi pour lui prêter allégeance, le cheikh préside aux destinées de la confrérie.

Prédestiné à cette fonction de par son rang en tant qu’aîné des descendants du fondateur parmi sa génération, le chef religieux, 72 ans aujourd’hui, assume, selon la tradition, les plus hautes responsabilités dans cette zaouia qu’il représente en Algérie et dans de nombreux pays où la Tidjaniya, cette voie soufie algérienne, compte des millions d’adeptes.

Nourri, dès sa prime enfance, aux préceptes soufis de Aïn Madhi où il reçut son premier enseignement, celui que l’on surnomme Sidi Belarbi paraît, au premier abord, distant et mystérieux, une impression qui se dissipe vite pour laisser apparaître un homme affable, au tempérament calme, doué d’une grande capacité d’écoute, qui fascine son interlocuteur par sa profonde connaissance de l’histoire de la confrérie.

Véritable référence pour la nombreuse descendance du fondateur de la Tidjaniya, Cheikh Ali Tidjani n’hésite pas à mettre son savoir au service des autres membres de la zaouïa qui le consultent et sollicitent son avis sur divers sujets.

Quotidiennement, le dignitaire religieux prodigue ces conseils à toute personne qui l’aborde sur le parcours qui le mène de son domicile, non loin du siège de la zaouïa, à la mosquée Abd Al-Djabbar At-Tidjani pour accomplir la prière le »Dhikr » (invocation des noms de Dieu) propre au soufisme et fondamental dans la pratique de la Tidjaniya, au point d’en être un pilier.

En signe de déférence à son égard, il arrive souvent à ceux qui sollicitent Cheikh Ali Tidjani de considérer ses conseils non plus comme des avis consultatifs, mais comme des « ordres » à exécuter.

A certaines occasions, Ali Tidjani délègue à d’autres membres de la confrérie la tâche de recevoir et de guider, selon les règles d’hospitalité de la zaouïa, les pèlerins locaux et les délégations étrangères.

Loin d’être une simple formalité, ces règles obéissent à un ordre très strict de bienséance à laquelle, d’ailleurs, la Tidjaniya est très attachée.

Commerçant de son état, le chef actuel de la Tidjaniya, connu depuis son plus jeune âge pour son sérieux et sa détermination, oeuvre également à propager le « message de paix et d’amour » de la voie soufie à travers de nombreux voyages dans les pays où la tarîqa s’est implantée. Son dernier déplacement hors d’Algérie, il l’a effectué en 2014 au Soudan où la Tidjaniya compte de nombreux adeptes.

Ces voyages, entamés depuis sa désignation à la tête de la confrérie, ont aussi pour but, explique Ali Tidjani, d’unifier les rangs des adeptes à travers le monde afin, insiste-t-il, qu’ « aucune activité en rapport avec la Tidjaniya ne soit organisée sans l’aval et la consultation de la plus haute autorité de la zaouïa ».

Discret et méprisant la polémique, c’est la seule allusion que Ali Tidjani concède à ses interlocuteurs pour rappeler la prééminence -et les privilèges symboliques qui vont avec- de Ain Madhi, la zaouia mère, sur sa branche marocaine dont les adeptes ne cessent de revendiquer la chefferie.

Ces prétentions au leadership de la Tidjaniya s’appuient sur le seul argument selon lequel Ahmed Al Tidjani, son fondateur, fuyant les persécutions ottomanes pour se réfugier à Fès, soit enterré dans la ville marocaine.

Avec ses millions d’adeptes qui en font une des voie soufies les plus influentes du monde musulman, la Tidjaniya est aussi victime depuis de nombreuses années de rumeurs et autres malveillances, une situation qui place son calife général dans une position particulière, en comparaison avec d’autres chefs spirituels du soufisme.

En tout état de cause et conscient du rôle politique que joue la Tidjaniya, notamment dans les pays d’Afrique de l’ouest où ses adeptes forment un puissant réseau, Ali Tidjani veille tout particulièrement à protéger l’aura de la Tariqa de cette proximité avec la chose politique, tout en continuant d’affirmer l’appartenance de la Tidjaniya à l’Algérie, son berceau originel.