À quelques dizaines de mètres de la Placette, une imposante bâtisse de style colonial : le lycée Ibnou Rouchd, ex-Duveyrier, baptisé « la pépinière du nationalisme »: Abane Ramdane, Ben Youcef Benkhedda, Lamine Debbaghine, Saâd Dahleb, M’hamed Yazid, et Ali Boumendjel y ont usé leurs fonds de culottes, la plupart comme pensionnaires, durant la période d’avant 1954.
Abane Ramdane est l’organisateur du Congrès de la Soummam qui, en août 1956, donna son architecture à la Révolution de 1954. Membre du Comité de Coordination et d’Exécution (C.C.E) il sera, avec ses ex- camarades, Benkhedda et Dahleb, un des héros de la « Bataille d’Alger » contre les Paras du général Massu. Exfiltré d’Algérie, il disparut prématurément en 1958, mort au combat selon El Moudjahid de l’époque, assassiné au Maroc, par les 3 « B » (Boussouf, Ben Tobbal, Belkacem Krim) selon d’autres sources (2).
Ali Boumendjel, surnommé le « Vergès algérien » devint l’avocat attitré des militants du FLN dont il défendît, avec courage, la cause auprès des tribunaux militaires Français. Arrêté à son tour en mars 1957, torturé par les Paras, il fut jeté du haut d’un immeuble d’El Biar et sa mort présentée comme un suicide. Récemment, le général Aussaresses a reconnu publiquement son implication personnelle dans son assassinat.
Lamine Debbaghine, fera partie du 1er Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA), présidé par Ferhat Abbas, et contribuera efficacement à l’internationalisation de la Question algérienne. Mohamed Yazid, fut de tous les gouvernements jusqu’à l’Indépendance, titulaire indiscutable du portefeuille de l’information. Ses conférences de presse faisaient courir les journalistes accrédités à New-York et la Cause algérienne n’eut pas de meilleur porte-parole à l’ONU.
Quand à Benyoucef Benkhedda (3), c’est à lui qu’échut l’honneur de présider le 3ème GPRA, celui-là même qui négocia les accords d’Evian du 19 mars 1962 avec le général De Gaulle, qui aboutirent, après un cessez-le-feu, et un référendum, à la proclamation de l’Indépendance officielle de l’Algérie le 3 juillet 1962.
« Mission accomplie ! » dira Saâd Dahleb, qui avait entretemps hérité du ministère des Affaires Etrangères du G.P.R.A , contribuant d’une manière décisive à la réussite des pourparlers franco-algériens.
A. Fethi