Députés et sénateurs sont inquiets. La raison ? Le spectre de la levée de l’immunité parlementaire les guette. Depuis l’annonce d’une liste de plus de 30 parlementaires ciblés par la procédure de levée de l’immunité, à la demande du ministre de la Justice, les parlementaires ne sont plus les mêmes. Ils sont, en effet entrés dans un état psychologique qui en dit long sur leurs inquiétudes.
C’est le sentiment que l’ont perçoit aisément lorsqu’on franchit le seuil du Parlement, tant à l’Assemblée populaire nationale qu’au Sénat.
Les visages des députés et des sénateurs sont blêmes et leurs regards fuyants.
Fini les rires à gorge déployée, ou encore les embrassades et empoignades des représentants du peuple lors des plénières ou des travaux en commission. Les parlementaires se font désormais discrets et préfèrent être ailleurs qu’au Parlement. Ils sont même devenus aphones. En ce sens qu’ils ne font plus de déclarations à la presse comme ils aimaient à le faire.
Très médiatiques et friands de déclarations à la presse et de retransmission en direct des travaux plénières ou des séances dédiées aux questions orales, les parlementaires refusent d’être sous les feux de la rampe.
Certains s’attendent à recevoir une missive du ministère de la Justice, révèle à Reporters un député FLN. « On nous a donné quelques noms de députés qui sont ciblés par la justice et parmi lesquels figurent même des membres de commissions permanentes », explique notre source, précisant que « la panique et le désarroi sont à leur maximum ». « Les députés refusent de prendre part aux travaux en plénière, sachant qu’ils peuvent à tout moment être interpellés par la justice », fait remarquer notre source, tout en précisant que « lors de l’adoption des deux projets de loi en rapport avec l’autorité de surveillance des élections, les députés ont dû être appelés un à un pour daigner venir voter les textes.
C’est vous dire à quel point ils redoutent la levée de leur immunité parlementaire ». Même ambiance exécrable et même inquiétude au Sénat. En effet, beaucoup parmi les membres du Conseil de la Nation sont des hommes d’affaires et des patrons d’entreprise. Mais, contrairement aux députés, qui ont opté pour la discrétion, les sénateurs préfèrent une autre stratégie pour espérer échapper à la levée de l’immunité parlementaire. Celle d’afficher ouvertement leur soutien à l’élection présidentielle.
C’est d’ailleurs ce qui a été largement remarqué par les médias, vendredi dernier, le jour de la présentation des débats et de l’adoption des deux projets de loi en rapport avec le régime électoral et l’autorité de surveillance des élections. « C’est la peur qui les a fait venir en masse à la séance plénière », révèle un sénateur FLN, selon lequel « ils ont exprimé publiquement leur soutien aux élections et leur disposition à jouer un rôle actif lors de ce rendez-vous ». Selon nos sources, ce sont essentiellement des députés du tiers-présidentiel qui craignent le plus la justice. « Ce sont d’anciens ministres pour la plupart qui ont servi Bouteflika et qui ont fait campagne pour lui durant l’ensemble de ses mandats », nous explique-t-on.