Outre le gaz et le pétrole, l’Algérie est l’un des plus gros fournisseurs de l’Europe en matière de cigarettes de contrebande, et ce sont plusieurs études qui le démontrent.
Selon une étude commandée par une association de multinationales dominant le secteur, dont le géant britannique British American Tobacco (BAT), une cigarette sur 10 consommées au Royaume-Uni serait issue de la contrebande ou est contrefaite (C&C). De cette masse qui représente près de 6,7 milliards de cigarettes en 2015 (en hausse de 6%), l’Algérie a été classée troisième fournisseur, derrière la Biélorussie, et l’Ukraine, et devançant la Russie. Si le pays de sa majesté se dit inondé par des cigarettes parties d’Algérie, l’Hexagone, dont les Algériens constituent la plus importante communauté étrangère, l’est sûrement davantage. Ainsi, selon une autre étude du cabinet KPMG sur le commerce illicite de cigarettes dans l’Union européenne, l’Algérie figure parmi les principaux fournisseurs de cigarettes de contrebande en France, avec 3,22 milliards d’unités sur un total de 9 milliards, ce qui représente un taux de 31%. Pour expliquer cette hausse de la ruée européenne vers le tabac C&C, KPMG trouve qu’il est directement lié aux augmentations progressives des prix du tabac dans ces deux pays d’Europe. Il y a sept ans, détaille-t-il, le paquet valait en France en moyenne 5,35 euros contre 7 euros aujourd’hui, ce qui en fait le plus cher d’Europe (à l’exception du Royaume-Uni où le paquet vaut l’équivalent de 10,75 euros).
Multiplié par 5 !
A titre de comparaison, acheté dans un bureau de tabac à Alger, une cartouche de Marlboro contenant 10 paquets de 20 cigarettes coûte 2000 dinars (soit 1,10 euro/paquet au change parallèle des devises), peut être revendue à 5 euros/paquet à Barbès, un quartier à forte présence maghrébine dans le nord de Paris. Ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur n’inquiète pas les pays européens parce qu’il représente un danger pour la santé publique, même s’il est vrai que le tabac contrefait contient plus d’éléments nocifs, mais l’inquiétude du Vieux Continent est suscitée par le fait que ce commerce illicite représente un manque à gagner pour les Etats et ce, dans une conjoncture de crise mondiale. En France, ce manque à gagner est estimé à 2,3 milliards d’euros au moment où il serait de 2,2 milliards de livres (2,8 milliards d’euros) au Royaume-Uni, selon ces mêmes études. D’après KPMG, la France qui avait récolté 14 milliards d’euros de la vente de tabac en 2015 est fortement touchée par le phénomène. Les cigarettes achetées sur le marché parallèle échappent à la fiscalité, alors que la France est l’un des pays au monde où les taxes sur le tabac sont les plus élevées. «Si le volume de cigarettes issues de la contrebande et de la contrefaçon avait été consommé de manière légale, des taxes supplémentaires de 2,3 milliards d’euros auraient été levées en France», indique l’étude. Avant de traverser la Méditerranée puis la Manche pour certaines, les cigarettes vendues à Londres ou à Marseille proviennent soit d’usines implantées en Algérie ou font la traversée du désert depuis principalement le Niger, via la contrebande. Une industrie fortement encouragée par ces mêmes multinationales : British American Tobacco, Philip Morris et Imperial Tobacco qui mènent des études pour tirer encore plus de profits.