Face au manque de distribution, d’exploitation et de visibilité des productions cinématographiques algériennes qui tombent dans les oubliettes de l’histoire une fois l’œuvre achevée, si ce ne sont les rares rediffusions de la télévision nationale, le besoin de publier des ouvrages de mémoire et de présentation du portail du cinéma est plus que nécessaire.
Face au manque de distribution, d’exploitation et de visibilité des productions cinématographiques algériennes qui tombent dans les oubliettes de l’histoire une fois l’œuvre achevée, si ce ne sont les rares rediffusions de la télévision nationale, le besoin de publier des ouvrages de mémoire et de présentation du portail du cinéma est plus que nécessaire.
Aidant, entre autres, les universitaires et chercheurs ainsi que les simples férus du grand écran, notre confrère et ancien responsable de la rubrique culturelle à El Moudjahid, Abdelkrim Tazaroute, vient de publier, chez Rafar Éditions, un ouvrage consacré au septième algérien, sous l’intitulé Cinéma algérien, des films et des hommages.
Ayant évoqué dans le préambule la spécificité du film algérien par rapport au film tunisien et marocain, exemple à suivre de plusieurs pays africains, excepté l’Égypte, Abdelkrim Tazaroute a soulevé dans cette brève introduction les questions cruciales du cinéma algérien, à l’exemple de l’absence de l’industrie cinématographique et d’une activité pérenne du septième art en Algérie. Rappelant l’absence de fonds documentaire, l’auteur, cinéphile et spécialiste du grand écran, a fait confiance à sa mémoire pour narrer certains films diffusés rarement avec une mauvaise qualité ou carrément amputés de plusieurs séquences.
Considéré par l’auteur comme une modeste contribution et un travail de mémoire consacré au cinéma algérien, l’ouvrage de 300 pages est un hommages à l’ensemble de cinéastes et comédiens qui ont contribué à créer le cinéma algérien, à le rendre visible et à le promouvoir à travers le monde, voire carrément à l’inscrire au panthéon de l’histoire du cinéma mondial, et la Palme d’or décrochée en 1975 au festival de Cannes, avec Chroniques des années de braise, de Mohamed Lakhdar Hamina.
En fait, ce sont 41 films d’anthologie qui trouvent place dans ce livre. Contrairement à certains pseudo-auteurs qui élaborent des livres à partir des synopsis, Abdelkrim Tazaroute a gratifié le lecteur d’une présentation complète de chaque film, d’une analyse réfléchie, de décryptage de la thématique choisie et des circonstances dans lesquelles le film est sorti. Mettant l’accent sur la touche personnelle de chaque réalisateur, scénariste ou comédien, l’auteur classe ces films et leur redonne vie, au grand bonheur des chercheurs qui trouveront dans ce livre le prélude à l’immersion dans l’univers du cinéma algérien. Proposant une sélection chronologique d’une quarantaine de films, l’écrivain a commencé par le fameux la Bataille d’Alger, lauréat du Lion d’or à la Mostra de Venise en 1966, en passant par des films de guerres d’exception, comme l’Opium et le bâton ou Patrouille à l’Est, avant de basculer vers des comédies populaires, à l’instar de Hassan Terro, Omar Gatlato ou encore le Clandestin. Le livre propose l’affiche de chaque film, un titre proposé par l’auteur, ainsi qu’une large palette de photos, pour illustrer ces œuvres d’exception. L’auteur propose, à la fin, des hommages aux pionniers du septième art algérien, à travers une dizaine de biographies, ainsi qu’une liste des fiches technique et artistique des œuvres susmentionnées.
Né en 1956 à Béjaïa, journaliste et écrivain, Abdelkrim Tazaroute est connu en tant que critique de cinéma. Il a, durant les années 1980 et 1990, assuré la couverture de nombreux festivals de cinéma en Algérie et à l’étranger. Il a été membre de la commission du FDATIC et plusieurs fois président et membre de jury. Auteur de trois documentaires et d’un court métrage de fiction, Abdelkrim Tazaroute est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages sur la culture algérienne.
Kader Bentounès