Présenté comme une œuvre de fiction, un film à caractère historique ou un film documentaire, le long métrage de Boualem Aissaoui, «Hanachia», ne réussit à se classer dans aucune de ces catégories. Le film projeté samedi en avant-première à la salle Ibn Zeydoun se révèle superficiel et largement caricatural.
D’ailleurs, le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi, présent pour l’occasion aux côtés de la ministre de l’Education Nouria Benghebrit, a suggéré de raccourcir la durée totale du film – plus de deux heures – avant une éventuelle sortie publique.
Et pourtant, long métrage produit par le CADC (Centre algérien de développement du cinéma) dans la cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», l’idée de départ, inspirée d’un texte de Zoubeïda Mameria, aurait aisément permis d’aboutir à un résultat d’une toute autre facture ; le film, ayant nécessité, selon le réalisateur, «deux ans et demi de travail, entre écriture et tournage», prend pour contexte les derniers jours du Beylik de Constantine, les relations du Bey Ahmed avec la régence d’Alger durant les premiers moment de la colonisation, mais également les complexes alliances du bey avec les tribus de l’Est algérien. Le titre «Hanachia» fait référence à l’une de ses épouses – incarnée à l’écran par Mouni Bouallam – issue d’un des plus puissants clans de la région : la tribu des Hanencha.
En ce sens le réalisateur précisera que son objectif a été de «pénétrer dans la cours d’Ahmed Bey», de mettre en avant «les relations d’Ahmed Bey avec les grandes familles et les grandes tributs de l’est» ainsi que «les relations avec la régence d’Alger à la veille de l’invasion française». Ce qui est néanmoins resté très superficiel dans le traitement de ces questions historiques, faisant ainsi l’impasse sur l’essentiel, notamment, et de façon surprenante, le rôle historique du personnage principal «Hanachia», ou encore le déroulement et les stratégies des batailles, l’organisation de la résistance, la situation des habitants de Constantine, mais également la cité elle-même.
Le réalisateur se contentera le plus souvent de prises de vue en intérieur, tout en focalisant le scénario sur le côté «sentimental» et des intrigues de palais romancés et sans grand intérêt. Quant au côté caricatural du film, il apparaît avant tout dans les dialogues ; Boualem Aissaoui, qui a fait le choix d’un arabe classique, n’a semble-t-il pas approfondi la recherche historique sur le langage et les termes employés à l’époque, le résultat étant une succession de «reconstitutions» d’événements réels ou fictifs où les personnages s’échangent des «poèmes» malgré la gravité de la situation politique et militaire ; un décalage encore accentué par le choix des costumes – certes variés – mais rapprochant plus le rendu à une pièce de théâtre plutôt qu’à une œuvre cinématographique.
La fausse barbe du personnage incarnant Ahmed Bey suffisant à elle seule à supprimer toute crédibilité à la prestation de l’acteur Ali Djebara. Long métrage apparaissant ainsi comme peu convaincant – du moins dans sa version actuelle – l’avant-première organisée samedi à la salle Ibn Zeydoun devrait par ailleurs être suivie dans les semaines à venir de présentation d’autres œuvres réalisées et financées dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015».
N. K.