Le 14 janvier 2011, après un mois de manifestations violemment réprimées, le dictateur quittait précipitamment le pouvoir, en direction l’Arabie saoudite, où il vit toujours en exil avec son épouse.
Le point cinq ans après la révolution de Jasmin. Il y a cinq ans jour pour jour, Zine El Abidine Ben Ali prenait la poudre d’escampette, direction Jeddah, sur les rives de la mer Rouge.
Première et dernière étape d’un exil discret pour le président tunisien déchu, après un mois de manifestations réprimées dans le sang. Depuis, celui qui tenait le pays d’une main de fer a trouvé refuge en Arabie saoudite. C’est là- bas, accompagné de sa seconde épouse, Leila Trabelsi, leur fille Halima et leur fils Mohamed Zine El Abidine, que l’ancien dictateur s’est installé.
En toute discrétion : quasiment aucun détail ne filtre, que ce soit sur son lieu de résidence ou sur son train de vie. Seul son avocat libanais est habilité à réagir de temps en temps, quand les rumeurs se font trop pressantes. Ou ses enfants, via Instagram, qui publient des clichés qui disparaissent très vite. En août 2013, apparaît ainsi une photo de lui en pyjama rayé sur un compte depuis supprimé. En 2012, Leila Trabelsi – envers laquelle le peuple tunisien vouait une profonde aversion – avait publié un livre, » Ma vérité « . Elle y rejetait les accusations de corruption et de dérive dictatoriale du régime déchu.
Pour la première fois depuis leur fuite, une photo de Ben Ali, les cheveux toujours teints d’un noir de jais, souriant à côté de sa femme portant le voile, était alors apparue, démentant les rumeurs de divorce. Dans une interview accordée au Parisien via Skype, Leila Trabelsi avait aussi tenu à nier que son mari soit atteint d’une maladie grave et dans le coma. Plusieurs années après son départ, l’état des finances actuelles de Ben Ali demeure une incertitude. L’empire économique – essentiellement contrôlé par le clan Trabelsi – qui s’étendait de la grande distribution à l’immobilier en passant par la téléphonie, les médias ou l’automobile, a en effet été démantelé. Une partie a été privatisée mais des pans entiers restent sous contrôle d’administrateurs judiciaires nommés par l’Etat. Aucun programme d’ampleur pour ces actifs n’a encore été décidé.
L’entourage du président a, enfin, connu des fortunes diverses. Leur fille Nesrine est partie avec son époux, l’homme d’affaires Sakher El Materi, au Qatar avant d’aller s’installer en exil aux Seychelles. Ghazoua, Dorsaf et Cyrine, les trois filles que Zine el Abidine Ben Ali a eues de son premier mariage avec la fille d’un général, vivent toujours en Tunisie. Un frère de Leila, Belhassen Trabelsi, richissime homme d’affaires considéré comme le chef du clan ayant mis l’économie en coupe réglée, encourt pour sa part l’expulsion du Canada, où sa demande d’asile a été refusée l’an dernier. Imed Trabelsi, un neveu de l’épouse de Ben Ali, est emprisonné en Tunisie.