“Les autorités algériennes doivent veiller à ce que l’investigation diligentée sur la mort du manifestant Ramzi Yettou, 22 ans, violemment roué de coups par des policiers le mois dernier, soit approfondie, indépendante, impartiale et efficace”, a déclaré, hier, Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International. Cette ONG insiste aussi sur la suspension des policiers impliqués pendant la durée des investigations judiciaires. “Si les responsables de sa mort ne sont pas amenés à rendre des comptes, les policiers seront confortés dans leurs agissements, persuadés d’être libres d’agir au-dessus des lois et de commettre des infractions sans en assumer les conséquences”, avertit Magdalena Mughrabi.
Amnesty international affirme détenir les témoignages d’un secouriste, de deux membres de la famille de Ramzi, de deux avocats et d’un médecin qui laissent à penser que la victime a succombé le 19 avril dernier à ses blessures, à la suite des coups que lui ont infligés des policiers. Selon cette organisation, Ramzi a été frappé sur le crâne “alors qu’il rentrait chez lui après avoir participé à des manifestations”, ajoutant que la copie d’un rapport de police autorisant l’inhumation qualifie la cause du décès “d’indéterminée”. Ce qui a incité le parquet à ordonner une enquête sur les circonstances de sa mort.
Amnesty International affirme que le secouriste a retrouvé Ramzi “gisant par terre avec du sang sur sa veste et présentant des contusions sur le nez et une blessure d’environ un centimètre sous le sourcil, qui ne saignait pas”.
Ramzi aurait confié au secouriste juste avant de perdre connaissance qu’il avait été roué de coups par des policiers. L’ONG soutient, en outre, que “la police a arrêté le camion à bord duquel Ramzi et au moins cinq amis étaient, car le conducteur avait descendu une rue en sens inverse. Lorsque les policiers les ont agressés, certains sont parvenus à s’enfuir, d’autres ont reçu des coups de matraque”. Transféré à l’hôpital Mustapha-Pacha au bout de plus d’une demi-heure, où il a été opéré pour stopper une hémorragie interne, Ramzi est resté jusqu’à sa mort dans un état comateux.
Nissa H.