Khaled Ben Salmane, frère cadet du prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS) et ancien ambassadeur d’Arabie Saoudite à Washington, a été nommé au poste de ministre adjoint de la Défense, selon un décret royal publié samedi soir.
Il a été remplacé par la princesse Rima bint Bandar, qui devient la première femme ambassadrice de l’histoire du pays. Cité dans l’affaire à Istanbul de Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018, Khaled Ben Salmane a quitté les États-Unis au lendemain même de l’assassinat du journaliste opposé à son frère, considéré comme le commanditaire de ce crime abominable. La nomination d’une femme à la tête de l’ambassade saoudienne à Washington ne redore toutefois pas l’image de Ryad aux yeux du monde qui réclame toujours la vérité sur l’exécution au siège de son consulat en Turquie d’un journaliste opposant à MBS.
Cette nomination ne peut pas, non plus, faire taire les défenseurs des droits des femmes qui critiquent l’Arabie Saoudite au sujet des détentions arbitraires de nombreuses Saoudiennes, dont certaines sont victimes aussi de mauvais traitements et de tortures. “La nomination d’une nouvelle ambassadrice est une tentative de Ryad pour donner un nouveau départ à sa relation avec Washington et faire oublier l’affaire Khashoggi”, a déclaré à l’AFP Kristian Ulrichsen, chercheur à l’Institut Baker de la Rice University aux États-Unis. Mais, “dans la pratique, cela n’arrivera probablement pas, au moins avec le Congrès”, a-t-il ajouté.
Le Congrès américain met la pression depuis des semaines sur le président américain Donald Trump pour revoir ses relations avec Ryad, mais le locataire de la Maison-Blanche ne veut rien entendre, préférant sauvegarder les intérêts économiques et géopolitiques de Washington à la question du respect des droits de l’homme en Arabie Saoudite. Pour rappel, le Sénat américain a jugé que Mohammed ben Salmane, alias “MBS”, était “responsable” du meurtre de Khashoggi, qui collaborait notamment avec le Washington Post.
L’Arabie Saoudite a toujours nié l’implication de son prince héritier, mettant en cause des responsables moins haut placés, présentés comme des éléments “incontrôlés” et actuellement devant la justice saoudienne. Une autre résolution adoptée par les sénateurs américains en décembre appelait le président Donald Trump à “retirer les forces armées américaines des hostilités au Yémen ou affectant le Yémen, sauf les forces américaines engagées dans des opérations visant Al-Qaïda ou des forces associées”.