Le décret revient donc sur la nécessaire interdiction de l’activité complémentaire.
Ouvrir une clinique médicale privée est, désormais, synonyme d’un vrai chemin de croix. C’est que le ministre de la Santé de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelmalek Boudiaf, brandit un nouveau cahier des charges en direction de ces structures dont on ne cesse de décrier le chaos qui les mine. Boudiaf met en avant tout un canevas de conditions, notamment l’exigence d’un laboratoire capable de prendre en charge les analyses médicales des malades, la surveillance de la procédure de recrutement dans ces entités et surtout l’établissement, régulièrement, de rapports détaillés sur le personnel employé par ces établissements.
Telle est la décision du premier responsable de la santé dans le pays. Les services de ce dernier ont d’ailleurs entamé leur action en vue de contenir l’anarchie qui caractérise l’octroi des agréments de fonctionnement de ces mêmes cliniques. Le décret ministériel numéro 11 insiste sur les normes d’urbanisme, techniques et sanitaires de ces espaces de santé. La nouveauté est que tout fonctionnement de ces derniers doit obéir à des normes d’architecture, de bien-être, d’hygiène et de sécurité très précises et répondant aux recommandations de la loi. Le texte insiste particulièrement sur l’accessibilité, la proximité des parkings et des gares. Le ministère de tutelle est particulièrement regardant sur la fameuse activité complémentaire des blouses blanches. Elle exige en effet que le recrutement soit fait in situ et ce, justement afin de mettre fin à l’activité complémentaire des staffs médicaux qui ont un pied dans le privé et un autre dans le public. Sont spécialement visés dans cet alinéa, les chirurgiens, la gynécologie et l’obstétrique. Il est à ce titre requis de soumettre l’opération à la direction de santé de wilaya, tout en réclamant des aspirants à la gestion de ces cliniques de recruter un médecin anesthésiste-réanimateur et deux paramédicaux de même spécialité, afin qu’ils l’assistent dans son exercice, et ce de façon permanente. Deux sages-femmes deviennent également obligatoires. Dans tous les cas de figure une liste nominative de ces pratiquants doit à chaque fois être expressément adressée à la direction de la santé qui est chargée à son tour d’en informer le service compétent au niveau du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.
Les services de Abdelmalek Boudiaf somment les responsables auxquels incombe cette tâche de tenir informée la tutelle de toute modification dans ladite liste. Les directeurs des cliniques privées sont en fait tenus de signaler toute modification dans un délai ne dépassant pas les 15 jours, à compter de la date de changement des employés.
Le décret revient donc sur la nécessaire interdiction de l’activité complémentaire, puisque le ministère a averti ses fonctionnaires de jumeler entre l’activité dans le public et l’activité dans le privé. Il est toutefois, loisible aux cliniques privées d’opérer contractuellement avec des médecins spécialistes établis à leur compte, à condition que leur nombre ne dépasse pas celui de l’effectif total des spécialistes exerçant dans la clinique privée.
Cette procédure ne peut être validée sans l’aval de la direction de santé de la wilaya laquelle doit à son tour adresser une correspondance, à ce propos, au service compétent du ministère et ce, dans un délai de 15 jours avant tout octroi d’une autorisation définitive.
Le département de Boudiaf ne manque pas de sommer ces cliniques de le tenir informé de toutes les opérations chirurgicales effectuées à leur niveau. Il exige des informations sur les patients ayant subi une intervention chirurgicale, mais également sur les chirurgiens qui les ont opérés, et toute l’équipe médicale et paramédicale qui a été dans la salle d’opération.
L’on rappelle que le syndicat des praticiens spécialistes de santé publique a à maintes reprises interpellé le ministère en vue de mettre au point un cahier des charges sévère pour l’exploitation des cliniques privées, surtout qu’elles sont à l’origine de l’hémorragie qui frappe les hôpitaux publics en matière de spécialistes.