Rio a refermé dimanche ses Jeux paralympiques, les tout premiers d’Amérique latine qui s’annonçaient comme un fiasco mais qui ont réussi à séduire le public, entre samba brésilienne et émotion due au décès d’un cycliste iranien samedi.
Après onze jours de compétition dominés par la Chine, la flamme paralympique illuminant cette XVe édition des Jeux d’été s’est éteinte dans le mythique stade Maracanã, archicomble, à 22 h 25 (1 h 25 GMT lundi).
Les Cariocas ont passé le flambeau à Tokyo, ville organisatrice des Jeux en 2020. Sous des feux d’artifice pétaradants, le spectacle avait commencé deux heures plus tôt par un incroyable solo de guitare, joué avec les pieds, de Johnatha Bastos, un musicien né sans bras.
Recréant « la fête à Rio », des groupes et chanteurs les plus tendance au Brésil, notamment les chanteuses Céu, Gaby Amarantos ou Ivete Sangalo, le guitariste du célèbre groupe de rock métal Sepultura, Andreas Kisser, ou le groupe Dream team do Passinho, emmené par une chanteuse survitaminée, se sont ensuite succédé.
Dans une période politique tourmentée au Brésil, le musicien Lucio Maia du groupe Naçao Zumbi a plusieurs fois exhibé le dos de sa guitare affichant le message « Fora Temer » (Dehors Temer), adressé au nouveau président brésilien, cette fois-ci absent.
À la cérémonie d’ouverture, Michel Temer, qui a remplacé Dilma Rousseff, destituée par le Sénat, avait lui-même déclaré les Jeux « ouverts » sous les huées du stade entier.
Les 4 350 athlètes de 159 nations, installés au centre du stade devant la scène, ont également participé à la fête en chantant, dansant et se prenant dans les bras, pendant que la délégation française secouait une grande banderole indiquant « Obrigado Brasil » (merci Brésil).
Hommage à Bahman Golbarnezhad
Mais si l’ambiance était festive, la cérémonie a été marquée par les hommages rendus au cycliste paralympique iranien Bahman Golbarnezhad, décédé samedi alors qu’il participait à une épreuve de cyclisme sur route.
Cette «toute première mort sur des Jeux paralympiques» a « jeté une ombre » sur l’événement, a dit le président du Comité paralympique international (IPC), Philip Craven, renouvelant ses condoléances à la famille du défunt et à la délégation iranienne. Il a invité le public, debout, à un moment de silence en hommage au sportif de 48 ans.
Philip Craven a ensuite remercié les «merveilleux Cariocas» qui ont réussi à créer « un carnaval familial du sport », souhaitant qu’on se souvienne «du succès de grands Jeux qui ont créé la surprise».
Comme à Londres, la Chine a largement dominé les épreuves avec 238 médailles, dont 106 en or, 11 de plus qu’en 2012. La Grande-Bretagne, l’Ukraine, les États-Unis et l’Australie complètent le tableau des cinq meilleures nations paralympiques. Le Brésil, pays organisateur, pointe en 8e position, et la France, qui visait le top 10, à la 12e place.
De vives inquiétudes avaient plané avant la tenue de ces Jeux, premiers à être organisés en Amérique du Sud, marqués par de grosses difficultés financières, notamment à cause de dépenses imprévues pendant les JO.
À l’inverse des JO, où les stades étaient à moitié vides à cause de billets chers pour les Brésiliens, ces Jeux se sont révélés être une sortie familiale, peu onéreuse (10 à 20 reais le billet, soit 3 à 6 euros). Ainsi, le record de fréquentation des JO a été battu samedi dernier avec plus 170 000 personnes aux Paralympiques.
«Les Jeux ont été un moment magique pour la ville. Je crois qu’il va y avoir de la nostalgie maintenant», a dit à l’Agence France-Presse Marcelo Augusto Miranda Costa, un spectateur brésilien qui assistait au marathon dimanche.
La mission « est accomplie », a lancé dimanche Carlos Nuzman, président de Rio 2016. Au total, l’organisation des Jeux (olympiques et paralympiques) aura coûté 2,8 milliards de dollars comme annoncé en 2009, selon le comité.
«Ce qu’on retiendra d’ici, c’est le bruit, l’émotion et l’énergie des Brésiliens », a estimé Craig Spence, porte-parole de l’IPC, rappelant que ces Jeux sont « une occasion unique de changer la perception des personnes en situation de handicap ».
«Nous avons été impressionnés par la passion des Cariocas. Nous sommes maintenant plus motivés que jamais pour offrir les meilleurs Jeux possible dans quatre ans », a déclaré Toshiro Muto, le président du Comité Tokyo 2020.
La fin des Jeux marque également la fin d’un cycle de grands événements organisés au Brésil : le Sommet de l’ONU sur l’environnement Rio+20 (2012), la Coupe des Confédérations et les Journées mondiales de la jeunesse catholique (2013), la Coupe du monde de foot (2014) et les Jeux. Le géant sud-américain va devoir ouvrir une nouvelle page pour se sortir d’une grave crise politique et économique.