Pas question de voir leurs maisons retourner à la poussière. Les habitants de la ville de Ain El Hammam (ex Michelet), plus précisément ceux du boulevard Amirouche, se lancent dans un bras de fer avec la localité, et ne semblent pas prêts à lâcher prise.
Au total, ce sont 26 immeubles, dont 14 publics et 11 privés, abritant 128 logements et 310 locaux qui sont menacés par le glissement de terrain d’Ain El Hammam. Le ministère de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville a donc ordonné la démolition et la réalisation d’une étude pour le conformément du boulevard Amirouche dans la ville d’Ain El Hammam, au Sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou.
Une décision qui reste « en sursis » à ce jour, suite au refus des résidents concernés d’évacuer leurs maisons. Les occupants de ces maisons invoquent, selon les échos recueillis sur place par notre part, un « attachement » à leurs demeures ayant pour eux « une grande valeur sentimentale ». Ils demandent à l’administration d’effectuer « une expertise pertinente et indépendante » avant d’entamer la démolition.
En effet, les locataires exhortent les autorités compétentes à trouver des solutions techniques adéquates à ce problème. Notamment, la construction d’un mur de soutènement, la réparation des canalisations des eaux usées, la réalisation d’avaloirs pour le drainage des eaux pluviales
Pour faire entendre leurs voix, les habitants d’Ain El Hammam sont montés au créneau. Ils ont organisé une manifestation pour crier leur colère et leur refus des mesures décidées par les pouvoirs publics.
Les protestations ont pris une nouvelle ampleur
Dans la journée d’hier, les protestataires sont passés à la vitesse supérieure. Ils ont procédé à la fermeture de la route à la circulation automobile, à l’aide des barricades de fortune et de pneumatiques enflammés, dans le but d’amener les responsables concernés à intervenir pour mettre fin à cette mesure « arbitraire et incohérente » que les citoyens contestent dans la forme et dans le fond.
Dans une escalade de colère qui ne quitte plus la ville de jour comme de nuit désormais. Aucune réaction officielle, ni mesure d’apaisement ou appel au calme n’ont été entendus. Les autorités locales se murent dans le silence, malgré le blocage des routes avec des blocs de pierre et des pneus brûlés.
Pire encore, selon nos sources, près de 20 arrestations ont eu lieu dans la journée d’hier, ces derniers ont été vite relâchés le soir grâce à la solide mobilisation des citoyens. Il convient de rappeler que depuis plus d’une semaine, la ville d’Ain El Hammam connaît un renfort exorbitant des services de l’ordre qui tentent d’encercler la ville et d’empêcher toute forme de rassemblement et manifestation.
Quelle solution pour les habitants ?
Néanmoins, la décision prise concernant la démolition semble définitive et irrévocable. Mais quelle solution pour les occupants ? En effet, les démarches de relogement des locataires ont été entreprises depuis plusieurs mois. Ils sont en majorité recasés à Oued Fali, au chef-lieu de wilaya, dans des logements initialement destinés aux habitants de la commune de Tizi-Ouzou.
Cependant, les résidents refusent catégoriquement d’être relogés dans ces logements. Ils déplorent la situation de déliquescence de cette cité et la dégradation de l’état des appartements, avec l’infiltration des eaux à l’intérieur des résidences, la détérioration des façades, ainsi que les débordements des eaux usées. Outre l’état catastrophique, les habitants contestent la superficie de ces apparts qui sont visiblement trop petits contrairement à leurs anciennes maisons.
Pour conclure, et après tous ces événements qui secouent cette région historique, victime de l’incompétence de ses autorités locales, notamment ceux des services d’urbanisme, il est clair que seuls les habitants payent les conséquences d’une gestion anarchique et catastrophique du bureau actuel et ses prédécesseurs. Et la question qui se pose, c’est : « n’est-il pas temps de juger ceux qui ont délivré des autorisations pour des constructions dépassant le R+1 ? ». Une affaire à suivre.