Si les auteurs algériens, à l’exemple de Rachid Mimouni, Mohammed Dib et Assia Djebar ou encore Malika Mokadem, se sont taillé la part du lion lors de la première journée du colloque, puisque quatre intervenants ont consacré leurs études et conférences à ces mêmes auteurs,
la deuxième journée, avant-hier, a été marquée par des interventions
portant sur l’œuvre de l’écrivain Rachid Boudjedra.
Le colloque international sur la littérature maghrébine d’expression française, qui a choisi comme axe de réflexion les nouvelles écritures à l’épreuve du nouveau siècle, a pris fin avant-hier. Organisé pendant deux jours à l’université de Batna, cet événement scientifique et littéraire a été marqué par la présence de nombreux universitaires et chercheurs. Lors de son intervention à propos des formes de l’écriture de l’histoire dans le roman Les figuiers de Barbarie de Rachid Boudjedra, le professeur Dalila Mekki (université de Annaba) a expliqué que le romancier n’est pas dans une écriture d’urgence, puisqu’il a pris soin de prendre du recul et de bien se documenter.
“Il donne des noms des lieux, des noms de personnes et décrit avec grande précision les événements”, a-t-elle noté. Et d’ajouter : “Il narre l’histoire d’un pays déchiré par la guerre (la guerre d’Algérie). Il y a beaucoup de courage chez Boudjedra, qui a pris position contre certaines pratiques.” Le professeur Hafedh Jedidi (enseignant, auteur et metteur en scène, université de Sousse, Tunisie) a choisi de changer totalement de registre mais aussi de support, puisque dans son intervention intitulée “Ecrire en français aujourd’hui au Maghreb : solution et refuge des enfants prodigues”, il s’est tourné vers le 4e art. Des noms de comédiens et dramaturges du grand Maghreb ont été donnés, mais aussi encensés au passage ; tour à tour Slimane Benaïssa, Hlilou, Alloula, Medjoubi…, mais aussi ceux de l’autre rive, à l’exemple de Fellag.
“Ces comédiens et acteurs ont dit haut et fort ce qui était prohibé à des moments difficiles où il y avait mort d’hommes. Ils prenaient des risques plus qu’un romancier, essayiste ou nouvelliste. Il ne s’agit plus d’un livre qu’on va acheter dans une libraire, mais de personnes physiques qui s’expriment dans la réalité”, a-t-il souligné. Selon M. Jedidi, “les comédiens ont trouvé dans la langue française un moyen de dire et un véritable refuge, tout en gardant leurs véritables appartenance et identité. La langue française n’est pas uniquement un butin de guerre, mais un outil moderne qui peut permettre de vivre son temps et être à la page”. Par ailleurs, les présents ont relevé que les contenus des conférences étaient d’un grand intérêt, mais que le temps accordé au débat était insuffisant.
A la clôture de ce troisième colloque consacré à la littérature maghrébine d’expression française, le comité de rédaction des recommandations du colloque s’est félicité de “la qualité des communications, de leur diversité et de l’audace affichée, de leur apport tant scientifique que didactique, ainsi que de l’esprit d’ouverture aussi bien des communicants que du large public, de l’esprit de tolérance qui a prévalu tout au long des séances”. Parmi les recommandations formulées par le comité, citons la périodicité de ce rendez-vous scientifique et la publication des actes du colloque.
R. H.