“La tariqa Rahmania est la seule à s’être indiscutablement ancrée en Kabylie à partir de 1774 jusqu’à 1857, avant que la répression de l’administration coloniale ne mette fin à son épanouissement”, a souligné le président du colloque.
La faculté des sciences sociales de Bouira a organisé, hier, un colloque national sur le soufisme. Une manifestation qui a vu la participation de plusieurs universitaires, venus entre autres de Médéa, de Blida, de Relizane, de M’sila, de Bordj Bou-Arréridj, et de représentants de confréries des tariqas Rahmania, Tidjania et Qadiriya.
Hocine Mohamed Chérif, docteur en histoire moderne et contemporaine, vice-président du colloque, souligne que “nous préconisons pour notre société la pratique d’un islam de paix et de fraternité, contrairement aux théories importées qui concourent à détruire la solide assise de notre cohésion qui existe depuis des siècles”, ajoutant qu’il s’agit, également, “de mettre en valeur le rôle du soufisme dans l’éducation de notre société afin de la prémunir de l’extrémisme et de son corollaire le terrorisme qui est complètement étranger à nos mœurs”.
C’est à partir de cette optique qu’a été abordé le premier thème de ce séminaire, portant sur l’histoire du soufisme, de sa philosophie et méthodologie et de son rôle social et spirituel. Des interrogations ont été émises par les participants concernant les étapes qu’a connues le soufisme dans l’histoire islamique, son impact sur la vie sociale, ainsi que sa présence dans les zaouïas à l’heure actuelle. Les confréries religieuses jouent un rôle dans le pays, notamment la tariqa Rahmania, qui a, d’après les explications données par des universitaires, contribué de manière certaine à la cohésion de la société algérienne, parce qu’elle a toujours prôné un islam de paix et mystique. Le docteur Mohamed Chérif reviendra plus longuement sur la Rahmania, cette confrérie musulmane soufie, en soulignant qu’elle a connu son âge d’or en propageant sa philosophie religieuse et mystique en Afrique du Nord. “Cet islam maraboutique de confrérie musulmane soufie a connu une grande audience en Algérie”, a-t-il dit, précisant qu’il en est de même pour les autres confréries qui se sont succédé en Afrique du Nord, comme la Tidjania, la Qadiriya, la Chadoulya, la Aïssaouia et la Amaria. “La tariqa Rahmania est la seule à s’être indiscutablement ancrée en Kabylie à partir de 1774 jusqu’à 1857, avant que la répression de l’administration coloniale ne mette fin à son épanouissement”, a-t-il rappelé.
Pour lui, “la tariqa Rahmania a été adoptée en Kabylie à cause de ses
références qui prêchent le bien-être social, l’apaisement et le pacifisme. En somme, nous trouvons dans ses référents une forme de laïcité, du moment que n’importe quelle personne peut y accéder sans jamais compter sur son appartenance ethnique ou religieuse, à condition seulement quelle se conforme aux règles de cette congrégation”.