Organisé par la faculté des sciences sociales et humaines de l’université Larbi-Ben-M’hidi, ce colloque national, tenu les 7 et 8 décembre, s’est penché sur les questions de la jeunesse à un moment où la société algérienne connaît des mutations rapides, lesquelles ont aidé à la dispersion de plusieurs valeurs et entraîné une grande inquiétude devant laquelle la jeunesse devrait s’adapter. Ce déséquilibre, pour diverses raisons, est constaté au niveau mondial. L’un des objectifs de cette rencontre est de décortiquer les phénomènes sociaux qui touchent la jeunesse algérienne. Dans son intervention intitulée “La jeunesse : reconstruction conceptuelle pour une frange floue”, Dr Leila Larbaoui, de l’université de Skikda, a parlé de construction de la catégorie jeunesse parce qu’elle est mal connue et mal approchée dans la société algérienne.
La conférencière a appelé à “construire une sociologie de la jeunesse d’une manière scientifique et à la fois académique, car c’est en quelque sorte le paradis perdu.
Nous avons laissé cette catégorie, très importante, aux gens qui ne sont pas spécialistes, c’est un moyen de repêchage, une façon de récupérer justement ce concept et de le retravailler pour mettre des limites scientifiques et contrecarrer un discours généralisateur autour de ce concept-clé”. Pour elle, il existe un gouffre entre les générations. “Il n’y a pas une transmission intergénérationnelle, donc il y a le manque de dialogue au sein de la même famille, il n’y a pas ce lien viscéral entre parents, grand-parents et petits-enfants, l’échelle des valeurs a été complètement renversée dans la société algérienne.” Elle précisera, par ailleurs, que “les jeunes sont tentés, habités par le fait de ne pas reproduire le modèle parental et d’essayer de ne pas se laisser influencer par le conformisme, donc ils sont en mesure de produire une certaine culture qui est à contresens justement de la culture générale”.
Et d’ajouter : “Nous avons toujours tendance à parler de la jeunesse en tant que problème qui cherche des solutions, alors qu’il faut aborder cette problématique d’une manière scientifique et académique au préalable, problématique d’abord dans la sphère scientifique, puis problème dans le sens réel de la pratique sociale parce que le sociologique n’est pas le social.” Dr Sid Tayeb, de l’université de Souk Ahras, avance, quant à lui, que la jeunesse a besoin de compréhension, et conclut que la pauvreté et le chômage sont des moteurs essentiels de la violence. De son côté, Dr Nouicer Belgacem, de l’université de Sétif 2, précisera que la crise de la jeunesse est sociale, expliquant les besoins et les attentes de cette frange de la société, pour arriver enfin à la conclusion que “la jeunesse en Algérie a besoin de
considération”.