ALGER – Le Secrétaire général du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du Territoire, Salah-Eddine Dahmoune a affirmé, mercredi à Alger, que le niveau atteint, jusqu’à présent, par le Comité mixte de sécurité algéro-malien en matière de coopération et d’échange « exige davantage d’intensification », en raison de la « faible » mise en oeuvre de différentes recommandations, issues des précédentes sessions de ce mécanisme de sécurité.
Dans son allocution d’ouverture de la 4ème session du comité mixte de sécurité algéro-malien, M. Dahmoune a relevé que « le niveau atteint, jusqu’à présent, en matière de coopération et d’échange, à travers les différents mécanismes de coopération sécuritaire, notamment dans le cadre du Comité mixte de sécurité, dont la dernière session s’est tenue en octobre 2017 à Bamako, exige davantage d’intensification, au regard de la volonté de nos deux pays de hisser la coopération au plus haut niveau ».
Il a déploré la faible mise en oeuvre des recommandations, issues des précédentes sessions, restées lettre morte sur les procès verbaux de ces sessions », d’ou la nécessité, aujourd’hui, « d’œuvrer davantage au soutien du bilan de notre coopération, de remédier aux insuffisances et de lever les entraves aux impacts négatifs sur la réalisation des objectifs que nous fixons ensemble, au mieux des intérêts de nos deux pays et peuples frères ».
Les liens profonds de fraternité liant les deux pays, leurs intérêts, les défis communs complexes de la région et la réalité du voisinage « nous incitent, plus que jamais, à davantage de solidarité et de coopération aux niveaux bilatéral et régional », a-t-il estimé.
Pour M. Dahmoune, l’Algérie et le Mali appartiennent à une région, de plus en plus, menacée par les différentes formes du crime organisé transfrontalier, d’autant que le terrorisme et le crime organisé sont désormais étroitement liés, en particulier le trafic illicite d’armes et de drogues, à travers des réseaux criminels organisés ayant tissé des liens solides avec les groupes terroristes activant dans le Sahel ».
Après avoir rappelé que la sécurité dans la région commune est indivisible, le SG du ministère de l’Intérieur n’a souligné que le voisinage et le destin commun exigent des deux parties « le développement d’une coopération efficace, la mobilisation de tous les moyens de lutte contre le crime et le terrorisme ainsi que le tarissement de leurs financements, outre l’affrontement de l’extrémisme et des idées destructrices diffusées par les groupes terroristes, en vue d’ébranler la stabilité de nos pays et la sécurité de notre région ».
Le retour des combattants terroristes étrangers « aggravera davantage la situation », a-t-il affirmé, ce qui exige, de tout un chacun, de relever le niveau de vigilance, pour se prémunir des graves répercussions qui en découleront, de relancer la coordination bilatérale et prendre des mesures unifiées, coordonnées et concrètes.
M. Dahmoune a saisi cette occasion pour souligner l’importance du Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) et saluer son rôle « efficace » dans la coopération et la coordination pour la lutte contre le crime transfrontalier.
L’Algérie réaffirme sa volonté d’accompagner le Mali dans la démarche de paix et de Réconciliation nationale
Réaffirmant la volonté de l’Algérie d’accompagner le Mali dans la démarche de paix et de réconciliation nationale, et ce, en mettant sa propre expérience à la disposition des Maliens, le SG du ministère de l’Intérieur a rappelé que la réalisation de la paix et de la sécurité au Mali, « est une démarche pour laquelle l’Algérie a toujours œuvré, à travers les orientations judicieuses du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, à la faveur notamment de l’Accord de paix issu du processus d’Alger, lequel a enregistré un progrès considérable dans les étapes de sa mise en œuvre, a-t-il précisé.
Cet accord, a indiqué M. Dahmoune, demeure le cadre et la seule issue à la crise au Mali, à travers la consécration du dialogue, pour préserver l’unité territoriale du Mali, sa souveraineté et la cohésion de son peuple ».
Le responsable a dit que la Réconciliation nationale était « le noyau » de ce processus, en vue de restaurer la paix, resserrer les rangs et promouvoir la culture de la tolérance.
A cet égard, M. Dahmoune a salué la réunion qui a regroupé, en juin dernier, des cadres du ministère et des experts maliens, consacrée à la présentation de l’expérience algérienne en matière de Réconciliation nationale, notamment les principes contenus dans le projet initié par le président Bouteflika, avec l’objectif, a-t-il expliqué, d’unifier les Algériens et d’instaurer la sécurité et la stabilité en Algérie.
Il s’est également félicité de la visite effectuée, en novembre dernier, par une délégation composée de membres de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation et d’un représentant du bureau du haut émissaire du président de la République malien, chargé de l’exécution de l’Accord de paix et de réconciliation nationale, appelant les experts, dans le cadre des travaux de cette commission, à examiner l’éventualité de créer un mécanisme technique commun de suivi et de poursuite de la concrétisation de la coopération entre les deux pays, en vue de tirer profit de l’expérience algérienne en matière de Réconciliation nationale.
L’Algérie et le Mali appelés à renforcer leur coopération en matière de lutte contre la migration clandestine
Le SG du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales a évoqué le phénomène de migration clandestine, en recrudescence, indiquant que l’Algérie est désormais « une destination pour un nombre important de migrants, dont le flux constant a des retombées négatives sur l’ordre et la sécurité publics ».
Il a souligné que la migration clandestine constitue désormais « un des aspects du crime organisé, à travers les réseaux criminels et terroristes qui ciblent la sécurité et la stabilité du pays », rappelant, à cet effet, les efforts consentis par l’Algérie en matière de prise en charge des migrants clandestins, notamment sur le plan santé, et leur rapatriement dans le respect total de leurs droits et dignité humaine, ce qui n’est pas étranger aux valeurs et traditions de la société algérienne.
Cependant, il a déploré le recours de « certaines parties à l’exploitation de cette question pour ébranler la stabilité de l’Algérie et ternir son image sur les plans régional et international ».
« Je suis convaincu que vous partagez mon avis quant à l’importance de la dimension humaine dans les relations entre nos deux pays, au regard de l’impact de ce volet sensible sur les liens entre les deux peuples, et partant sur la coopération fructueuse et efficace profitables à tous », a poursuivi le même responsable.
« L’établissement d’une coopération solide pour l’appui de cette démarche consistant à lutter contre la migration clandestine qui est devenue un impératif pour juguler ce phénomène et mettre en échec toute tentative visant à utiliser cette question pour ébranler la stabilité et la sécurité de nos deux pays ou prétexte pour porter atteinte à nos relations bilatérales exceptionnelles », a-t-il conclu.