Il y a dix-huit ans, jour pour jour, tombait à Annaba sous des balles assassines Mohamed Boudiaf, de son nom de guerre «Tayeb el Watani», alors qu’il animait une conférence avec les cadres de la wilaya.
Enfant de M’sila, né en 1929, il fait des études. Adjudant dans l’armée française il sera envoyé au front durant la Seconde Guerre mondiale.
A son retour il entre comme commis aux écritures aux services des Contributions de la ville de Jijel. Après les massacres de Sétif, Kherrata et Guelma, animé d’un esprit nationaliste, il s’engage dans les mouvements nationalistes algériens. Il commencera à militer au sein du PPA.
Il mettra sur pied, avec d’autres compagnons d’armes, l’organisation spéciale de la branche armée secrète du MTLD. Recherché par la police coloniale il part en France et active au sein de la communauté immigrée.
Quand il rentre en Algérie ce sera pour créer le Comité révolutionnaire d’unité et d’action dont il sera le président. Il sera le coordinateur du groupe des 22 qui déclenchera la lutte armée un certain 1er Novembre 1954.
En 1956, il sera arrêté lors du détournement de l’avion civil marocain qui l’emmenait vers la Tunisie avec d’autres chefs historiques, dont Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Krim Belkacem, Mostefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M’Hidi, Rabah Bitat, Mourad Didouche et Mohamed Khider.
1962, l’indépendance de l’Algérie proclamée, il entre en désaccord avec le premier président de la République Ahmed Ben Bella et fonde un parti d’opposition, le Parti de la révolution socialiste (PRS).
Il sera arrêté en 1963 et contraint à l’exil dans le Sud algérien avant d’être libéré. Le régime de Ben Bella le condamnera à mort en 1964.
Dès la prise du pouvoir par le colonel Houari Boumédienne, il dissout le PRS et se consacre à sa briqueterie à Kenitra au Maroc. On n’entendra plus parler de lui jusqu’en 1992, précisément le 2 janvier où il sera rappelé après la démission de Chadli Bendjedid pour présider le Haut Conseil de l’Etat (HCE).
La paternité de l’idée revient à l’avocat Ali Haroun qui propose à Khaled Nezza d’aller le chercher pour «sauver le pays», lui, le mythe fondateur de la Révolution algérienne, le seul espoir politiquement. Son règne sera éphémère, alors qu’il voulait faire bouger les choses en s’attaquant en premier lieu à la corruption qui gangrénait l’Etat.
Il voulait emprunter le chemin de la paix, il n’aura pas eu le temps de s’y engager. Mohamed Boudiaf sera assassiné six mois plus tard par un sous-lieutenant du groupe d’intervention spéciale. Boudiaf a ainsi fait les frais d’une «négligence coupable».
Par : Soraya Hakim