Comment s’est organisée l’opposition à la loi de finances 2016, Les dessous de la « révolte »

Comment s’est organisée l’opposition à la loi de finances 2016, Les dessous de la « révolte »
Qui a manipulé qui?

Les deux articles incriminés, le 66 et le 71, n’ont rien de si scandaleux, le premier a été introduit dans la LFC 2009 et le second a été appliqué durant les années 1990.

Que s’est-il réellement passé à l’APN, avant, pendant et après l’adoption de la loi de finances 2016? Après que les esprits se soient quelque peu «apaisés». L’Expression s’est rapproché des acteurs de la «tragédie» du 30 novembre. Ce jour là, l’hémicycle était le théâtre d’une protestation d’une ampleur inédite. Les partis de l’opposition ont carrément tenté d’annuler le vote de la LF 2016. le grand chahut fait autour de la séance de vote a créé un climat de «révolte» au sein de l’Assemblée. Les pancartes brandies par les élus portaient de graves accusations à l’encontre de la majorité et du gouvernement. Les scènes montrées à la télévision et vite reprises en boucle sur les réseaux sociaux, ont été vues et partagées des centaines de milliers de fois. Relais très efficace, la «guerre» des députés s’est poursuivie sur Facebook et tous les députés qui ont voté la loi ont été «black-listés» par des internautes sans doute «fortement intéressés», donnant ainsi une dimension de «traîtrise» à un acte anodin pour un membre d’une Assemblée populaire nationale. En fait, l’objectif était de convaincre l’opinion nationale que ledit geste n’était justement pas anodin. Il est de fait associé à la trahison. Et les vidéos qui circulaient sur le Net montraient des députés de l’opposition entonnant des chants patriotiques et brandissant le drapeau national et dénonçant la LF 2016, comme la pire de l’Algérie indépendante. Sur le terrain politique, les leaders de l’opposition ont pris le relais et c’est tout le monde qui s’y est mis. Les partis représentés à l’APN, comme ceux qui n’ont aucun député, s’en sont pris à la loi, au gouvernement et à la majorité présidentielle. Les propos étaient d’une virulence quasi «guerrière» et un scénario est développé. Les chefs de file du FLN au sein de l’Assemblée sont abondamment cités. On leur fait commettre des actes «innommables» et politiquement immoraux. L’imagination fertile pousse jusqu’à développer un véritable thriller politique qu’on ne verrait dans aucun film américain. Un chef de groupe parlementaire qui foule aux pieds tous les règlements de l’APN et impose par la force de l’intimidation des articles qu’on présente comme anticonstitutionnels et relevant de la trahison de la nation. L’opinion nationale s’en trouve cernée de tous les côtés et n’a pas le temps d’analyser la situation. Alors on gobe tout et on se dit, forcément, s’il y a tant de bruits, c’est que le gouvernement et la majorité ont réellement fauté.La loi de finances a été adoptée dans un climat délétère et là où sous d’autre cieux cela passe pour une victoire politique, en Algérie, l’opinion est amenée à assimiler cette adoption à un acte de trahison. Qui a gagné? Certainement pas le gouvernement qui doit encore et encore justifier ses choix face à une opposition qui n’est pas sur la défensive, bien au contraire.



C’est là le tableau de l’Algérie politique post-adoption de la LF 2016.

Que s’est -il donc passé? Qui a manipulé qui? Pour répondre à cette question, allons aux faits. Les deux articles incriminés, le 66 et le 71 n’ont rien de si scandaleux, le premier a été introduit dans la LFC 2009 et le second a été appliqué durant les années 1990. l’Algérie est toujours là, ses entreprises sont toujours publiques. Autre chose, aucun député, du FLN et de l’opposition, membre de la commission des finances, interrogé par L’Expression, ne confirme le scénario d’un Djemaï terrorisant les députés de la commission. Il n’y a aucune trace de cette «agression».

Le plus probable est qu’elle a été inventée de toutes pièces. Il reste la large diffusion sur les réseaux sociaux des photos des députés qui ont voté la LF 2016. Cela ne peut être le fait d’un quidam. Cette action relève certainement d’une démarche consciente visant à diaboliser les élus de la majorité. Cela relève d’une stratégie réfléchie et pas très démocratique, visant à empêcher le gouvernement de mettre en oeuvre ses actions sur le terrain. Pour quel objectif? Celui de provoquer la crise tant souhaitée? En fait, disons-le franchement, il serait très difficile de répondre à ces questions. Mais ce que l’on peut attester, preuves à l’appui, c’est que tout ce qui s’est produit autour de la LF 2016 n’a rien à voir avec le hasard.