Yazid Alilat
En dépit des grosses chaleurs qui pointent à l’horizon, avec un mercure entre 38 et 40 degrés enregistré hier samedi dans le centre et l’ouest du pays, les prix des fruits et légumes restent abordables en ce début de mois de juillet. Pour certains produits de saison, c’est même une légère décrue des prix, notamment pour le poivron et la tomate, alors que les viandes, hormis le poulet, restent dans une moyenne saisonnière. Dans les marchés du centre du pays, à Alger et Blida en particulier, et même à Chlef, la pomme de terre oscille entre 35-40 et 50 DA/kg, avec une tendance moyenne de 40 DA/kg. La période de soudure étant enclenchée, c’est surtout la production du Sud, celle d’Oued Souf, qui alimente le marché, mais en provenance des chambres froides. Par contre, le poivron et la tomate enregistrent une baisse notable de leurs prix, en moyenne de 80 à 100 DA/kg pour le poivron et entre 45 et 60 DA/kg pour la tomate de saison, alors que celle industrielle, bien en chair et juteuse, qui est parvenue à s’imposer à la table des Algériens, est cédée entre 40 et 50 DA/kg.
Les autres produits du couffin de la ménagère restent également à des niveaux stables et satisfaisants par rapport au budget des ménages. La carotte et le navet à moins de 60 DA/kg, l’aubergine également à 60 DA kg en moyenne, alors que les haricots verts restent également dans la moyenne saisonnière à moins de 100 DA/kg. Les haricots rouges ont enregistré une baisse notable avec l’arrivée de la production de saison, à 100 DA/kg en moyenne, parfois jusqu’à 120 DA/kg, alors que la chute la plus importante concerne, dans les marchés du centre, le prix des haricots blancs, à 150 DA/Kg en moyenne, alors que durant le mois de mai et début juin, son prix était de plus de 350 DA/kg. Les prix des différentes sortes de laitues restent par ailleurs modestes, entre 50 et 80 DA/kg. La baisse tendancielle des prix des produits agricoles frais s’explique en grande partie par l’arrivée des productions de saison, en particulier pour les maraîchages, la tomate, le poivron, les haricots et les aubergines, ainsi que la courgette, dont le prix reste abordable, à moins de 60 DA/kg.
Pour les fruits, la tendance générale reste à des niveaux de saison également, avec une offre abondante et variée et une qualité meilleure pour les cerises que les années précédentes, et à des prix relativement abordables. Les cerises, de bonne qualité et d’un bon goût, sont vendues en moyenne à 500 DA/kg pour la variété bigarreau. Pour la cerise bigarreau-Napoléon (à chair blanche), de goût plus acidulé, le prix est moindre, à 350 DA/kg en moyenne. Cette saison, il a été constaté que ce fruit, souvent de mauvaise qualité et en quantités insuffisantes, a été très abondant sur le marché, avec des prix abordables, comparativement aux années précédentes. Le même constat peut être par ailleurs fait pour les autres types de fruits, dont les pêches (entre 100 et 140 DA/kg), le brugnon à chair blanche ou orange (120 à 220 DA/kg), les abricots dont la saison est en voie de clôture entre 100 et 140 DA/kg, différentes variétés de prunes et pruneaux dont le prix moyen reste très modeste, à moins de 120 DA/kg, la pastèque, dont le prix est descendu jusqu’à 25-30 DA/kg. Cette relative accalmie des prix des fruits et légumes en ce début de saison estivale donne un répit aux bourses modestes, malmenées par des prix des fruits et légumes dont la caractéristique, jusqu’à cette année, est qu’ils étaient incontrôlables, même par les services de la répression de la fraude du ministère du Commerce.
Pour les viandes, la tendance reste là également de saison, avec une cote en moyenne de 240 à 280 DA/kg pour le poulet, de 600 DA/kg pour la dinde et de 1.000 à 1.500 DA/kg pour la viande bovine et ovine. Seule exception, le poisson reste plus ou moins inabordable pour les bourses modestes, avec une moyenne de 400 DA/kg pour la sardine, jusqu’à 1.000 et 1.200 DA/kg pour le poisson d’élevage, dont la daurade et le loup, alors que la crevette oscille entre 1.800 et 2.500 DA/kg. Les prix des autres variétés de poissons, dont la galinette, le rouget, le merlan, le sar, la daurade sauvage, le chien de mer, la roussette ou la raie sont dans une fourchette allant de 1.000 à 1.500 DA/kg, alors que l’espadon et le thon rouge sont cédés souvent à plus de 2.000 DA/kg.
Globalement, l’accalmie des prix des fruits et légumes observée depuis la fin mai perdure, au grand bonheur des consommateurs de produits agricoles du terroir, dont certaines variétés de tomates, de poivrons ou de haricots blancs, et d’aubergines. Une situation confirmée par les dernières estimations de l’Office national des statistiques (ONS) sur le coût de la vie au mois de mai. A fin mai dernier, l’inflation s’est établie à 3,6%. L’évolution des prix à la consommation en rythme annuel à mai 2019 est le taux d’inflation moyen annuel calculé en tenant compte des 12 mois, allant de juin 2018 à mai 2019, par rapport à la période allant de juin 2017 à mai 2018, explique l’Office. Par contre, la variation mensuelle des prix à la consommation, autrement dit l’indice brut des prix à la consommation en mai 2019 par rapport à celle d’avril de la même année, s’est établie en hausse de près de 1%. Les plus fortes évolutions de prix sont relevées pour la pomme de terre (+22,4%), les fruits frais (+13,5%) et la viande de bœuf (+0,4%), tandis que les baisses les plus notables concernent les poissons frais (-4,2%), le poulet (-3%) et les œufs avec près de -0,9%.
Les données de l’ONS relèvent par ailleurs que jusqu’à fin mai 2019, les prix des produits agroalimentaires ont connu une légère baisse (-0,2%), dont la viande de poulet (-12,4%), les œufs (-10,3%), les poissons frais (-9,50%) et la pomme de terre (-7%). Cependant, durant les cinq premiers mois de 2019, les prix à la consommation ont enregistré une hausse de près de 2,4%, précise l’ONS selon lequel toutes les catégories de produits sont concernées, à l’exception des produits agricoles frais, qui ont reculé de près de 0,3%. Au mois d’avril dernier, le taux d’inflation s’est établi à 4%. Cependant, selon des économistes, ces données ne reflètent pas la réalité économique du pays, dont le taux d’inflation qui serait plus élevé que celui annoncé officiellement par l’ONS. Raif Mokretar-Karroubi avait indiqué mercredi dernier dans une intervention à la radio nationale qu’avec le recours à la planche à billets (financement non conventionnel), l’inflation va s’amplifier et les chiffres actuels du gouvernement ne correspondent pas à la réalité. Pour 2019, le gouvernement avait prévu un taux d’inflation de 4,5%.