Sans vouloir s’engager sur une date bien précise, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesslam Bouchouareb, avoue que le complexe d’El-Hadjar sera opérationnel dans 6 à 8 semaines.
Annoncé par le ministre lui-même pour le début du mois d’août en cours, le redémarrage du site sidérurgique n’interviendra finalement que dans deux mois. “Les prévisions fixées pour la relance de la production n’ont pas été respectées car les travaux de rénovation ont engendré des fissurations au niveau du haut-fourneau n°2”, argue Abdesslam Bouchouareb à l’issue de la cérémonie de signature de l’accord final de transfert de parts sociales des sociétés, ArcelorMittal Algérie (AMA), ArcelorMittal Pipes and Tubes Algeria (Ampta) et ArcelorMittal Tébessa (Amt), au groupe public algérien Imetal, organisée hier au siège du ministère de l’Industrie et des Mines. La société italienne à qui l’on a confié les travaux de restauration du haut-fourneau, la structure la plus importante du site, a montré ses limites.
Ses techniciens ont fini par abandonner l’opération pour, dit-on, incompétence dans le domaine qui, faut-il le souligner, nécessite une technologie de pointe. Face à l’incapacité des Italiens à réhabiliter cette partie du complexe, les pouvoirs publics ont aussitôt désigné, tel que l’a écrit notre correspondant à Annaba, A. Allia, une autre entreprise qui est une joint-venture, entre des Portugais et des Belges, basée au Luxembourg. Ainsi, le ministre estime que les essais à froid du haut-fourneau n°2 s’effectueront au début du mois de septembre puis seront programmés les essais à chaud. “Nous ne voulons pas nous précipiter pour la relance de l’usine.
Nous préférons régler définitivement le problème pour un redémarrage à 100% du four en question”, précise-t-il. Une fois cette étape franchie, le secteur de la sidérurgie verra, selon lui, sa production annuelle d’acier portée à plus de 12 millions de tonnes d’ici à 2020. Il s’agit des 2,2 millions de tonnes/an d’El-Hadjar, des 4 millions de tonnes de Bellara, des 3,5 millions de tonnes de la société Tosyali et de 1,5 million de tonnes du groupe Etrhb sans oublier l’apport des aciéries du Centre et de l’Est. Conformément à cet accord, le groupe Industries métallurgiques et sidérurgiques (Imetal) récupère désormais la totalité du capital de ces trois entreprises, détenu auparavant par ArcelorMittal à hauteur de 49% pour Ama et Amt et de 70% pour Ampta. “Aujourd’hui, nous avons réglé définitivement l’engagement que nous avons signé le 5 octobre 2015 qui porte sur la récupération du capital détenu par ArcelorMittal au profit du complexe d’El-Hadjar, de l’exploitation du minerai de fer de Tébessa ainsi que de la tuberie sans soudure”, affirme le ministre. Pour lui, ces entreprises sont, de nos jours, totalement nationales.
Imetal reprend la totalité du capital de trois entreprises détenu partiellement par ArcelorMittal
Toutes ces démarches ont pour objectif de concrétiser l’autosuffisance du pays en acier. Ce qui va réduire, relève Bouchouareb, sensiblement les importations de produits sidérurgiques et métallurgiques, évaluées à près de 8 milliards de dollars/an. À cela, il y a lieu d’ajouter la consommation en acier qui devrait doubler en 2025 par rapport à 2015. Le premier responsable du département de l’Industrie a souligné que cette cession des participations n’avait pas donné lieu à une transaction financière. Elle a été réalisée à titre gracieux, autrement dit, au dinar symbolique.
Encore une autre “offrande” au profit du partenaire indien… Dans le cadre de cette transformation dans la structure du capital, les trois sociétés concernées changent de dénomination. Ama est, de ce fait, rebaptisée Sider El-Hadjar, tandis qu’Ampta devient Sider TSS alors que AMT est dénommée les Mines de fer de l’Est (Mfe Spa). L’accord signé permet à Imetal d’avoir “le contrôle total des trois sociétés, ce qui facilitera la prise de décisions et la mobilisation des moyens pour assurer le succès de l’opération de revamping des installations industrielles et leur redémarrage dans de bonnes conditions”, note Ahmed-Yazid Touati, P-DG d’Imetal. Il permettra également de “stabiliser le climat social dans les trois sociétés pour améliorer leur rentabilité et préserver l’emploi”, ajoute-t-il. Avec cette nouvelle organisation et les perspectives tracées, le ministre de l’Industrie exhorte l’encadrement du complexe et les travailleurs à “prendre leurs responsabilités. Ils n’ont aucun prétexte pour ne pas atteindre les objectifs qu’on leur a fixés”, avertit-il. Les temps ont changé pour le complexe d’El-Hadjar d’autant plus que le marché est caractérisé par une concurrence féroce. Une bataille rude est livrée par les différents acteurs afin qu’ils puissent préserver leurs parts de marché. L’ère des situations de monopole dont jouissait auparavant El-Hadjar est à jamais révolue… À bon entendeur…