Comme un roman inachevé, ou chaque soirée musicale est un nouveau chapitre, la diva Majda El Roumi a, une fois de plus, mené ses admirateurs vers des cieux pleins d’amour et de sensibilité.
Avant hier, le Casif de Sidi Fredj a vibré sous les rythmes d’Atarab el arabi. Toujours aussi gracieuse et féminine, El Roumi a été cette étoile manquante à un temps estival.
D’une douceur inexprimable, les mots manquent pour décrire une telle sensibilité. Durant plus de deux heures, les admirateurs étaient en extase face à une telle beauté et bonté. Comme un petit oiseau fragile mais d’une voix puissante, elle nous invita, dès les premières sonorités, à revisiter les plus belles chansons de sa carrière.
Tout a été associé, musique classique avec un orchestre fabuleux (composé d’une vingtaine de musiciens, violonistes, pianistes, trompettistes…), voix envoûtante, charme inouï de la diva et, bien entendu, accompagné des plus beaux poèmes de la littérature arabe.
«Biroubouika Rabina» (entre tes bras nous avons été bercés), Majda a bien entendu chanté en premier lieu son pays natale, le Liban. Elle nous ainsi fait voyager dans les ruelles les plus reculées du pays du Cèdre, comme si nous y étions, les senteurs d’un pays qui ne cesse de se relever à chaque fois.
Après cette chanson, interprétée en prélude à une soirée prometteuse, Majda a salué son public et fans algériens venus nombreux en famille en soulignant, avec beaucoup d’émotion : «Je suis toujours aussi impressionnée d’être dans un pays qui contient autant d’histoire. Le pays des plus grand héros, le pays des révolutionnaires de la liberté, la terre du million et demi de martyrs.
C’est comme cela que nous décrivons à chaque fois l’Algérie qui a une place inimaginable dans nos cœurs. Cette soirée est une fête et nous sommes heureux et honorés de vous retrouver encore une fois d’autant plus que nous vous retrouvons dans de bonnes conditions. Nous vous saluons avec beaucoup de respect et nous vous proposons de nous suivre dans cette aventure et soirée d’amour».
Les chansons se sont ensuite défilées les une après les autres, nous transportant à chaque fois dans un univers de paix, de romance et d’amour.
Comme si nous étions tous des personnages de roman, à la Kalila et Dimna, Chahrazed, ou encore Alice au pays des merveilles, la narratrice du moment, a savoir Majda, n’a pas hésité à nous envoûter de cette potion magique qui la caractérise.
De «Am Yasalouni alayeka Anas»
(Les gens me demande après toi), une chanson à laquelle beaucoup de jeune filles ont pris plaisir à entonner avec elle, à la chanson «ghani Ouhibouka ane toughani» (chante je veux que tu chantes), ou encore «khoudni habibi» (pends moi, mon amour», ou, bien entendu, la fameuse «Ainaki layali Saifia» (tes yeux sont des nuits d’été). Une chorale gigantesque composée des spectateurs a accompagné la diva.
Elle a d’ailleurs était étonnement surprise en laissant à maintes reprise les fans continuer comme une seule et unique voix quelques morceaux. Avec cette soirée, un livre ouvert sur sa vie a été mis à la disposition des spectateurs. Comme si elle voulait se confier, elle interpréta avec énormément d’émotion les titres de son dernier album.
Avec «La marah tisaal ala chi, la marah Tibeki ala chi» (non tu ne posera pas de question, non tu ne pleurera pas), Majda laissera couler quelques larmes qu’elle a essayé de réprimer. Cette chanson a été dédicacée à une autre femme aussi courageuse et obstinée qu’elle, l’écrivaine algérienne de langue arabe Ahlem Mostaghanemi, qui a été présente à cette soirée au côté de l’ambassadeur du Liban en Algérie.
De ces larmes, nous avons découvert une Majda qui surmonte avec énormément de bravoure les difficultés d’une vie de femme. Enfin, de cette soirée, il y a beaucoup à retenir. Majda n’a pas perdu son éclat. Majda est toujours cette étoile qui illumine les plus grandes noirceurs. Majda est cet exemple de femme courage arabe qui surmonte les sociétés les plus reculées et les plus développées en misogynie.
Par : Kahina Hammoudi