Un concert de musique classique a été animé jeudi soir à la basilique Notre-Dame d’Afrique à Alger par le pianiste Daniel Matrone, amoureux de l’Algérie, devant un public recueilli dans des atmosphères où la pureté des sonorité a orné le silence sacral des lieux.
Durant près de 70 minutes, le pianiste Daniel Matrone a promené les notes cristallines de son instrument dans la grande caisse de résonance que constitue l’espace imposant de la basilique Notre-Dame d’Afrique, alignant, dans un silence religieux, un programme savamment préparé qui a réuni, outre les pièces qu’il a composées en hommage à Camille Saint-Saëns (1835-1921), des œuvres de Jean Sébastien Bach (1685-1750) et Giacinto Lavitrano (1875-1937).
Dans la solennité du moment, le pianiste a étalé les pièces Prélude en mi bémol (extrait de la suite française), Figure 1 et 2 (extraits de l’Art de la fugue) de J.-S. Bach, avant d’enchaîner avec Dans l’église de San Sabastiano d’Ischia de Giacinto Lavitrano, pour conclure avec un hommage à Camille Saint-Saëns, décédé à Alger et partisan, de son vivant, de «l’Algérie algérienne», a rappelé Daniel Matrone, décliné en cinq titres : A Camille Saint-Saëns, Prélude et fugue, Portrait cubiste, Ruban du soir et Le salon de musique sur la mer.
L’époque très fertile couvrant la période allant du XVIe au XIXe siècles a, en partie, été restituée dans la douceur et la sérénité de l’instant, à un public recueilli, qui a hautement apprécié le professionnalisme et le talent de l’artiste, en Algérie pour la deuxième fois (après son concert au même lieu en avril 2007), savourant chaque moment du spectacle dans l’allégresse et la volupté. Très applaudi par le public à l’issue d’une remarquable prestation, Daniel Matrone a fait part de son «bonheur» de se produire à Alger, tenant à rappeler encore tout «l’amour» qu’il voue à l’«Algérie et au peuple algérien».
Né en 1955 à Annaba (Bône à l’époque), le pianiste, organiste et compositeur Daniel Matrone, petit neveu du compositeur Giacinto Lavitrano, décédé dans la ville de naissance de l’artiste, a commencé très jeune à étudier le piano au conservatoire de Toulouse, en France, puis à Paris où il se perfectionne dans l’orgue auprès de Marie-Claire Alain et auprès d’Yvonne Lefébure, pour le piano.
Il étudie, ensuite, la composition et l’art de l’improvisation musicale avec différents maîtres, dont Maurice Duruflé notamment, pour se voir nommé ensuite, organiste titulaire de plusieurs basiliques à travers la France. Plusieurs de ses enregistrements pour orgue et piano ont eu des prix et des distinctions, à l’instar du Diapason d’or, obtenu au «Choc du monde de la musique», sorte de classement entretenu par des revues spécialisées.
Depuis septembre 1999, Daniel Matrone, distingué du titre de chevalier des arts et des lettres, est l’organiste titulaire du Saint-Louis-des-français à Rome (Italie). Le concert de piano animé par Daniel Matrone entre, selon le recteur de la Basilique Notre-Dame d’Afrique, père Michael P. O’ Sullivan, dans le cadre d’un programme régulier initié par l’Eglise.
Daniel Matrone animera le 12 juin prochain un autre concert pour orgue, celui-là sous le titre «L’orgue et l’Orient», au même endroit et aux mêmes horaires, ont précisé les organisateurs.