Le gouvernement sahraoui a, de nouveau, condamné le discours du roi du Maroc Mohammed VI, prononcé le 6 novembre dernier, à l’occasion du 39e anniversaire de l’invasion marocaine des territoires sahraouis. Lors d’une conférence de presse qu’il a animée, hier, à l’ambassade de la RASD à Alger, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a révélé que sa rencontre avec les médias algériens se veut “une réponse au discours belliqueux” du souverain marocain.
Un discours qui montre, selon lui, à la fois, la nature “coloniale” du régime de Rabat et son “entêtement”. “Ce discours suicidaire montre l’isolement du Maroc”, a-t-il ajouté. Le diplomate sahraoui est revenu sur “la crise asphyxiante” qu’a traversée le voisin de l’Ouest à la fin des années 60 – début 70, ainsi que sur les deux tentatives d’assassinat sur la personne du roi Hassan II, contraignant ce dernier à “éloigner” les FAR, en les expédiant à travers la fameuse “Marche verte” dans le territoire “non autonome” du Sahara occidental. Il a également rappelé les grandes lignes du plan de règlement ONU-OUA accepté par les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, dès la fin des années 80.
Il a, en outre, passé en revue les tentatives de l’occupant marocain à enfreindre le processus de paix et la légalité internationale. Sans omettre de signaler notamment le développement, par les autorités de Rabat, de la “politique de la rachwa (pots-de-vin)”, le travail des lobbies, les méfaits de “la drogue” et “la jonction avec des réseaux terroristes”, et ce, aux seules fins d’imposer le fait accompli à la communauté internationale. “Le Maroc constitue le premier obstacle au développement des peuples de la région, à la paix et à la stabilité”, a soutenu M. Ould Salek, avant d’appeler les Nations unies et l’Union africaine à “prendre leurs responsabilités dans la décolonisation du Sahara occidental”.
“Nous disons à la communauté internationale que le Maroc est entêté, nous lui disons aussi que c’est vous qui avez créé la Minurso (Mission onusienne chargée d’organiser le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui) en 1991”, a indiqué le diplomate. Plus loin, ce dernier, constatant que le Maroc “est arrivé au stade de la confrontation avec la communauté internationale”, a évoqué l’attitude des plus bizarres de Rabat envers Christopher Ross et Mme Kim Bolduc, respectivement envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara occidental et nouveau chef de la Minurso. Au cours du débat, le conférencier reviendra à nouveau sur la colère du roi marocain et ses “signes de panique” à la suite de la réunion d’évaluation du Conseil de sécurité d’octobre dernier, ayant remis le processus de paix sur les rails de la légalité internationale.
À ce sujet, il a fait savoir que “Mohammed VI est au pied du mur”, après la “réponse rapide” du porte-parole du SG de l’ONU lors du discours du 6 novembre. “Le régime marocain fait montre d’une rébellion contre la légalité internationale… Nous avançons vers une situation de confrontation entre le Maroc et les Nations unies”, a annoncé le ministre sahraoui. Aussi, Mohamed Salem Ould Salek a réitéré son appel aux “garants de la légalité internationale avant qu’il ne soit trop tard”, tout en appuyant “le chemin inévitable” à emprunter : “La solution du conflit du Sahara occidental réside dans l’exercice, par le peuple sahraoui, de son droit à l’autodétermination.”
Que faire si la communauté internationale n’agit pas à temps pour ramener le Maroc à la raison ? “Le peuple sahraoui devra se défendre ses droits, il est disposé à refaire d’autres Gdeim Izik (camp sahraoui de la ‘liberté’ pour manifester contre l’occupation illégale du Maroc, ndlr)”, a-t-il répondu. Et de conclure : “Aujourd’hui, la balle est dans le camp du Conseil de sécurité.”
H A