À la suite de la décision des autorités algériennes d’instaurer un confinement relativement strict à l’occasion de l’ouverture des frontières, un grand nombre de citoyens ont jugé ces restrictions trop sévères et parfois inutiles. Dans ce contexte, des experts de la santé se sont exprimés sur le sujet.
Le Professeur Salim Nafti, ancien chef de service de pneumologie au CHU Mustapha ainsi que le Docteur Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie se sont penchés sur la question la plus récurrente dans ce débat, et qui est : pourquoi imposer une mise en quarantaine de plusieurs jours à des passagers ayant présenté un certificat de test PCR négative ? Sur un plan purement scientifique, ces experts jugent cette décision justifiée.
La raideur des règles imposées aux voyageurs se rendant en Algérie a engendré en Algérie et à l’étranger, notamment chez la diaspora algérienne un élan de colère et d’incompréhension qui jugent ces mesures abusives et contraignantes financièrement.
Le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société d’infectiologie, juge que la présentation d’un test PCR négatif à l’aéroport ne peut être considérée comme suffisant. Et ce pour la raison qu’une « personne présentant un test PCR négatif peut s’avérer plus tard positive. Tout le monde sait qu’il y a une marge de 10 à 20% de PCR, même lorsqu’elles sont bien effectuées, peuvent donner de faux négatifs. La personne peut être dans une phase d’incubation puis être positive deux jours plus tard, qu’elle développe des signes où qu’elle soit asymptomatique », le Docteur Yousfi a également ajouté qu’un « test PCR négative n’élimine la Covid que le jour où il a été fait, pas le lendemain ou deux jours plus tard. Beaucoup de pays ont choisi le même schéma. C’est le cas du Canada qui exige non seulement un test PCR à l’arrivée, mais aussi un confinement aux frais du passager, puis un autre test. C’est la seule manière de s’assurer que la personne n’est pas porteuse du virus. Ces cinq jours de confinement servent à donner le temps à la maladie de se développer si jamais la personne est porteuse du virus, puisque, au moment où elle l’avait effectué, elle n’était peut-être pas encore affectée. »
« Les individus vaccinés peuvent aussi porter et transmettre le virus »
Ces mesures préventives sont d’autant plus justifiées par l’apparition de plusieurs variants de ce même virus dans le monde, notamment le Britannique. Rajoutant que « l’allègement de ces restrictions dépendra de l’amélioration de la situation épidémiologique. Les protocoles sanitaires n’ont jamais été figés, ils évoluent en fonction de la situation, notamment celle du pays d’où viennent les voyageurs ».
Quant au professeur Salim Nafti, ancien chef du service de pneumologie au CHU Mustapha-Pacha, le confinement obligatoire s’explique par l’importance de ne laisser aucune faille dans le dispositif sanitaire. Rejoignant le docteur Mohamed Yousfi ce dernier ajoute que « il y a une phase d’incubation, il peut y avoir de faux négatifs et de faux positifs, parce que parmi les sujets aux PCR négatifs, « c’est parce qu’il y a un décalage entre le moment où le virus entre dans l’organisme et le moment du test. Il est possible que le virus entre, dans un premier temps, en petites quantités et que dans les jours qui suivent, il se multiplie et c’est à ce moment-là qu’on le retrouve. Le confinement obligatoire est une mesure supplémentaire nécessaire à la détection des cas qualifiés de faux négatifs, et ça reste une recommandation de l’OMS ».
Le Professeur a ajouté que les personnes vaccinées sont également concernées par ses restrictions, car « les personnes vaccinées peuvent être porteuses du virus, la vaccination est une mesure préventive et non curative. Et même vacciné, vous pouvez faire une forme modérée, qui reste transmissible. »