Le Conseil de la nation a abrité hier une séance plénière, présidée par M. Abdelkader Bensalah, président de cette institution parlementaire, consacrée à la présentation du rapport annuel sur les évolutions financières et monétaires du pays pour 2015, ainsi que les grandes orientations de l’année écoulée.
Lors de son allocution d’ouverture, le président du Conseil de la nation a de prime abord souligné l’intérêt accordé par les sénateurs au «devenir des réserves de changes et de la situation financière et économique du pays, dans ce contexte difficile». Évoquant ensuite la situation politique caractérisée, ces jours-ci, par le début de la campagne électorale en prévision des législatives du 4 mai prochain, M. Bensalah a émis le souhait de «voir les candidats fonder leurs interventions sur des données réelles, sans occulter les acquis réalisés dans tous les domaines».
Convié ensuite à prendre la parole, pour présenter son exposé, le Gouverneur de la Banque d’Algérie a indiqué que «les réserves de changes de l’Algérie dépassent toujours la barre des 100 milliards de dollars». Il déclare que «de février 2017 à ce jour, les réserves de changes sont toujours supérieures à 100 milliards de dollars». «Ces réserves étaient de 144,13 milliards de dollars (mds usd), à fin 2015, et de 178,94 mds usd, à fin 2014», précise le Gouverneur de la Banque d’Algérie. Il convient de rappeler également, dans ce même contexte, que lors de sa présentation du même rapport de conjoncture à l’APN, en janvier dernier, M. Loukal avait indiqué que les réserves de changes avaient atteint 114,1 mds usd, à fin décembre 2016, contre 121,9 milliards usd à fin septembre de la même année. Entre fin décembre 2015 et fin décembre 2016, le matelas de devises de l’Algérie a baissé de 30 milliards de dollars. Il faut dire que sous l’effet combiné de la baisse des cours pétroliers et des exportations des hydrocarbures, ainsi que la hausse fulgurante enregistrée alors en matière d’importations, les réserves de changes de l’Algérie ont commencé à connaître un fléchissement depuis 2014, après de successives et considérables hausses. En effet, l’élan que prenait le niveau du matelas de devises fut freiné dès le début 2014, lorsque le niveau des réserves s’approchait des 195 milliards usd à fin mars 2014 mais amorça, par la suite, une tendance baissière en s’établissant à 193,27 mds usd à fin juin 2014, avant de descendre encore à 185,27 mds usd à fin septembre de la même année. Auparavant, et particulièrement depuis 2006, les réserves de changes montaient à hauteur, parfois, de 20 milliards usds annuellement, en s’établissant à 77,8 mds usd en décembre 2006, à 110,2 mds usd à fin 2007, à 143,1 mds usd à fin 2008, à 147,2 mds usd à fin 2009, à 162,2 mds usd à fin 2010, à 182,2 mds usd à fin 2011, à 190,6 mds usd à fin 2012 et à 194 mds usd à fin 2013.
Cela dit, l’envolée des importations et la forte chute des cours pétroliers avaient alors fortement contribué à l’amenuisement des flux alimentant les réserves de changes du pays. Il faut savoir qu’après avoir fluctué entre 101,45 et 115,79 dollars au cours de l’année 2013, le baril de Brent a viré depuis l’été 2014 en dégringolant jusqu’à moins du seuil critique de 30 dollars début 2016, avant de stabiliser autour de 55 dollars, fin janvier dernier et autour de 56 dollars actuellement.
« La situation financière externe du pays est solide et relativement confortable »
Le rapport fait ressortir, notamment que dans la situation de dépendance de l’économie nationale aux ressources issues de l’activité dans le secteur des hydrocarbures, la chute des prix du pétrole, à partir de juin 2014 et tout au long de l’année 2015 (-47,1%), a constitué «un choc d’une ampleur considérable sur l’économie nationale, principalement sur les finances publiques et les comptes extérieurs». Cependant, et même dans ce contexte de crise économique, la situation financière externe du pays est «solide et relativement confortable», comme assuré d’ailleurs par le Gouverneur de la Banque d’Algérie, lors de l’exposé détaillé qu’il a présenté hier matin devant les membres de la chambre haute du Parlement. Le gouverneur de la Banque d’Algérie a mis aussi en avant l’accumulation antérieure d’épargnes financières et de réserves de changes importante qui a permis d’amortir l’impact de la forte chute des prix du pétrole sur l’activité économique et l’emploi, notamment à travers le maintien d’un niveau de dépenses publiques élevé. L’expansion de l’activité économique s’est donc poursuivie, en 2015, au même rythme que l’année précédente, grâce, notamment à la croissance de la demande intérieure qui a tiré celle des différents secteurs d’activité hors hydrocarbures et au rebond, quoique timide, de l’activité dans le secteur des hydrocarbures, après près de neuf années de récession. À retenir, cependant, que le choc pétrolier s’est impacté sur la sphère monétique, où un tournant a caractérisé l’évolution de certains agrégats par rapport à la période de 2001-2014. Il a donc été enregistré, un amenuisement progressif de l’excès de liquidités bancaires et, corrélativement, un moindre recours à son absorption, dans le cadre de la conduite politique monétaire. Dans ce contexte de crise économique, le financement de l’économie a continué son expansion à un rythme soutenu, l’activité bancaire est demeurée rentable et le système bancaire est resté stable et solide, comme en témoignent les indicateurs financiers pertinents, met en exergue le rapport de 2015. Le même document signale, d’autre part, que la désinflation des années précédentes s’est interrompue en 2015, et que «l’inflation des prix à la consommation croît de nouveau, en rythme annuel moyen, pour atteindre 4,8%». Le rapport indique, également, que la flexibilité du taux de change du dinar, en contexte de choc externe — et de son impact sur les fondamentaux de l’économie — et de volatilité accrue sur les marchés de changes internationaux, s’est traduite par la dépréciation de la monnaie nationale, notamment vis-à-vis du dollar US et, dans une moindre mesure, vis-à-vis de l’euro.
La croissance du PIB a atteint 4% en 2016, contre 3,8 en 2015
Le rapport de la Banque d’Algérie, présenté hier par M. Mohamed Loukal, recèle et analyse les principales évolutions macroéconomiques, financières et monétiques de l’année 2015, ainsi que quelques chiffres des années 2016 et de 2017, comme c’est le cas par exemple pour cette information qui concerne les réserves de changes de notre pays dépassant, à ce jour, la barre des 100 milliards de dollars. Autre chiffre important intéressant l’année 2016, la croissance, en volume, du PIB algérien qui a atteint 4%, contre 3,8% en 2015, avec une évolution soutenue du PIB des hydrocarbures. On saura, en effet, qu’à la fin 2016, l’économie algérienne a réalisé une croissance de 4% avec une croissance hors hydrocarbures de 3,7% (contre 5% en 2015) et une croissance de 5,6% du secteur des hydrocarbures (contre 0,4% en 2015). Le rapport a enfin mis en relief toute l’importance des différentes mesures s’inscrivant dans le cadre des politiques économiques ayant été décidées par l’Algérie, pour faire face à la crise économique et financière actuelle. Le débat, très riche, qui s’en est suivi avec les sénateurs — qui étaient, il faut le dire, nombreux à demander à prendre la parole — a traduit le grand intérêt porté par les membres du Conseil de la nation à l’évolution économique et monétaire de notre pays. Les sénateurs ont, de prime abord, tous salué la décision de remboursement de la dette extérieure du pays, ainsi que l’accumulation antérieure d’épargnes financières et des réserves de changes, grâce à la politique sage et judicieuse du Président de la République. Ils ont ensuite souhaité avoir davantage de détails sur certains points, de même qu’ils ont émis leurs préoccupations et même nombre de propositions. Pour sa part, le Gouverneur de la Banque d’Algérie a donné de plus amples éclairages sur la situation économique et monétaire, et toutes les précisions nécessaires, assurant et réitérant que la situation financière externe du pays est «solide» et «relativement confortable».