Au premier janvier 2016, les Algériens «goûteront» aux premiers «fruits amers» de la rigueur.
A un peu plus de deux semaines de la fin de l’année 2015, il semble que les principaux défis du début de la prochaine année soient déjà fixés. Avec des élections sénatoriales prévues le 29 décembre prochain, le dernier Conseil des ministres qui sera suivi par la cérémonie de signature de la loi de finances 2016, les décors de ce que seront les grandes tendances de 2016 vont donc se dessiner dès les prochains jours.
La loi de finances et les sénatoriales ne sont certainement pas sans conséquences sur le quotidien des Algériens et les équilibres politiques au sein du pouvoir, mais également dans le choix du tiers présidentiel au Conseil de la nation.
En effet, au premier janvier 2016, les Algériens «goûteront» aux premiers «fruits amers» de la rigueur. L’essence coûtera plus cher, en attendant les premières factures d’électricité. Mais avant, nombre de professions monteront au créneau et alimenteront le front social en «colère supplémentaire».
Cela pour dire, que le début de l’année 2016 sera porteur de quelques «grincements». Il serait hasardeux de faire des pronostics, mais il est entendu que les craintes d’une détérioration du climat social seront au rendez-vous, ne serait-ce qu’en raison du discours répétitif et catastrophiste de l’opposition. Les Algériens, qui ont tant entendu parler de la loi de finances 2016, pourraient associer tout «incident social» à ce texte.
C’est dire que le mois de janvier prochain est porteur d’incertitudes au niveau de larges couches de la société, même si le gouvernement dit avoir fait le nécessaire pour éviter tout accident.
En fait, même si le Premier ministre et ses ministres des Finances et du Commerce jurent que les Algériens ne seront pas sollicités dans l’effort de rigueur, à l’exception des dépenses énergétiques, la rue refuse d’accorder un chèque à blanc au gouvernement, sachant la dégringolade des prix du pétrole qui sont passés sous la barre des 37 dollars le baril, seuil de référence de la loi de finances 2016. En fait, malgré les assurances du gouvernement, l’ensemble des Algériens s’attend à la vague. La question est de savoir comment réagiront les salariés et plus globalement les familles algériennes.
Renouvellement générationnel
C’est dans ce contexte quelque peu électrique, dont on ne peut préjuger de l’issue, que l’Algérie devra confirmer la bonne santé de sa démocratie, à travers le renouvellement de la moitié des membres du Conseil de la nation. Il faut dire, à ce propos, que les équilibres politiques ne changeront pas fondamentalement.
Cependant, c’est l’après-échéance électorale qui mobilise l’intérêt des observateurs. En effet, le renouvellement du tiers présidentiel au Sénat sera très suivi. Il y a dans les nominations du président de la République une lecture à faire. Outre le départ de certaines figures de la révolution, à l’image de Zohra Drif, dont on imagine mal le maintien au poste qu’elle occupe présentement, le profil des «entrants» constituera un message du chef de l’Etat. Donnera-t-il au Conseil de la nation, une expertise supplémentaire dans divers domaines, à travers des nominations de personnalités du monde de l’économie, des nouvelles technologies ou encore de la théologie? En fait, il est clair que le passage à témoin générationnel se fera symboliquement lors de ces désignations.
Le président de la République, étonnera-t-il son monde comme à son habitude en ayant une longueur d’avance sur les politiques du moment? En tout cas, l’ensemble des observateurs souligne le caractère très important de ces sénatoriales, plus que les précédentes. Tout autant que l’acte symbolique d’ouvrir la porte à une forme d’expertise, le président de la République, qui sera forcément maître du jeu en ce début d’année 2016, ouvrira également les portes à la nouvelle République, à travers la profonde révision de la Constitution qu’il proposera, selon toute vraisemblance, dans le courant du mois de janvier aux deux chambres du Parlement réuni en congrès.
Janvier 2016 pourrait donc être le mois de l’émancipation politique de l’Algérie. Une Constitution basée sur la suprématie du politique sur le militaire, avec une vision sur plusieurs générations où les équilibres politiques seront garantis, avec en prime un rôle constitutionnel pour l’opposition et une ferme détermination à sauvegarder les intérêts de la société. On croit d’ailleurs savoir que le souci de la stabilité des institutions sera le socle de la nouvelle Loi fondamentale. La prévision d’un poste de vice-président participe justement à cette volonté de s’assurer une continuité de l’Etat quoi qu’il advienne.
La nouvelle République
Plus importante que tout, la nouvelle Constitution esquissera, à travers des mesures concrètes, ce que sera l’Algérie dans le futur. Des dispositions qui concrétiseront le rêve de tout Algérien, celui de vivre dans une Algérie qui vit du fruit de son travail et qui bannit les comportements nuisibles. En fait, le nouveau texte fondamental mettra les jalons de l’Algérie où tout le monde souhaite vivre. Cette approche, loin d’être un voeu pieux, sera le point de départ d’une nouvelle stratégie qui rendrait les Algériens fiers de leur Constitution, comme le sont présentement les Américains qui la brandissent à chaque fois que nécessaire. Que le quidam algérien exhibe sa Constitution, en lieu et place de ses connaissances dans l’administration pour avoir ses droits, est l’objectif final de cette révision de la Constitution que présentera le président de la République. Mais il est néanmoins entendu que le contexte social et politique ne sera pas l’idéal, bien que nombre d’observateurs parient sur la force de l’argumentaire constitutionnel pour masquer les autres aspects de la vie de la nation.
Et des sources proches des plus hautes autorités du pays confirment le caractère très ambitieux du projet présidentiel à même de constituer pendant longtemps le principal sujet de discussion au sein de la société, jusqu’aux foyers algériens, mais également au niveau international où beaucoup de partenaires de l’Algérie auront à s’exprimer sur le projet du président de la République.
En fait, le mois de janvier prochain sera celui des défis sociaux et politiques.
Et il y a de fortes chances que les débats changeront totalement, au sens où la nouvelle Loi fondamentale imposera une nouvelle réalité sociopolitique qui obligera l’ensemble des acteurs à adopter de nouvelles postures et développer un autre discours, tant du côté du pouvoir, de celui de l’opposition et même pour ce qui concerne la société civile qui devra elle aussi intervenir sur la scène nationale, puisqu’on croit savoir, là aussi, que le mouvement associatif sera l’un des acteurs clés de la nouvelle Algérie. La question que se posent les observateurs est de savoir, si l’Algérie de 2016 dispose d’assez de maturité pour intégrer les nouvelles règles que proposera la nouvelle Constitution.
Il faut dire que la révision n’intervient pas dans la meilleure des conjonctures pour l’Algérie. Tant au plan économique, politique que régional, la situation est assez délétère et rien n’indique qu’une amélioration est possible à court terme. Attendons pour voir.