L’élection d’Emmanuel Macron à la tête de la magistrature suprême en France a bouleversé l’échiquier politique qui se trouve en pleine décomposition à un mois des élections législatives à travers lesquelles le nouveau président va demander aux Français une majorité, hors partis politiques. «Les choses semblent s’accélérer ces jours-ci et les états-majors, notamment des partis déchus par l’électorat français à la présidentielle, s’attèlent à de véritables révisions des logiciels utilisés jusqu’à maintenant afin d’éviter d’appartenir à l’histoire», estiment de nombreux observateurs politiques.
Mais la situation est telle au sein de l’échiquier politique qu’on assiste à une décomposition avant une recomposition pour les législatives (11 et 18 juin). Les médias et analystes décrivent l’agonie du Parti socialiste (PS) par un éventuel éclatement général, dont l’origine est le quinquennat de François Hollande qui a engendré des fractures au sein de la gauche et du PS. L’ancien Premier ministre socialiste, Manuel Valls, qui a rejoint les rangs d’Emmanuel Macron, a déclaré mardi que le «Parti socialiste est mort, au moment ou le candidat malheureux à la présidentielle, Benoît Hamon, annonce le lancement d’un nouveau mouvement transpartisan» mais sans avoir décidé de quitter son parti. N’étant pas sûrs de leur électorat qui ont rejoint, lors de la présidentielle, les camps d’Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon, les responsables du parti commencent à douter de la performance du PS lors de la prochaine échéance électorale craignant un autre échec pouvant engendrer sa disparition.
Dans la famille de la gauche, l’autre candidat malheureux, Jean-Luc Mélenchon, n’ayant pas trouvé un terrain d’entente avec son allié le Parti communiste français (PCF) pour les législatives, a rompu mercredi une alliance qui était déjà fragile. «Les deux parties ne se sont pas mises d’accord pour présenter des listes communes, sans doute», estiment des milieux médiatiques, en raison des exigences de patron de la France insoumise, fort de troisième rang qu’il a obtenu lors de la présidentielle. L’autre dommage collatéral causé par la victoire d’Emmanuel Macron touche le premier parti du pays, en l’occurrence le Front national qui a récolté, pour sa candidate Marine Le Pen, plus de 10 millions d’électeurs lors de la présidentielle.
Déçue par le résultat de sa nièce à la course présidentielle, Marion Maréchal-Le Pen, une icône du parti fondé par son grand-père Jean-Marie Le Pen, a jeté l’éponge en annonçant «un retrait temporaire de la vie politique». Elle a évoqué des raisons personnelles d’abord et également politiques. Une nouvelle qui a bouleversé le Front national, resté jusque-là très soudé. Dans le camp des Républicains (droite), les choses se déroulent sans cassure apparente, même la page de François Fillon est désormais tournée. Mais on craint toujours des désertions, dans la perspective des législatives, de ses membres, alors que certains, indique-t-on, n’écartent pas la possibilité de collaborer avec le président Macron. Devant cet état de fait, plusieurs analystes ont estimé que «le caractère inédit de la présidentielle est en train de mener la France vers un futur incertain, sinon inédit».