Consommation de gaz : Vers un pic de 48 milliards m3 en 2025

Consommation de gaz : Vers un pic de 48 milliards m3 en 2025

Feriel Nourine

La consommation de gaz naturel en Algérie explose au rythme d’une croissance annuelle qui risque de porter un sérieux coup à la disponibilité de cette source d’énergie si la diversification énergétique, prônée par les pouvoirs publics, ne trouve pas sur le terrain de la concrétisation un développement à la dimension des gisements dont jouit le pays en la matière, notamment en ce qui concerne l’énergie solaire.

Ceci d’autant que la tendance fortement haussière de consommation du gaz n’est pas près de marquer le pas, pour les décennies à venir. Elle devrait atteindre les 48 milliards de mètres cubes à l’horizon 2025, soit un taux d’évolution annuelle de 4,5% d’ici cette échéance, a indiqué, dimanche, le président-directeur général de Sonelgaz, Chahar Boulakhras, à l’ouverture du sixième symposium de l’Association algérienne de l’industrie du gaz (AIG), organisé sur le thème aussi explicite que symbolique «Le gaz naturel au centre de la diversification énergétique».
Avant ces informations chiffrées avancées par le responsable de la Sonelgaz, dont les seules activités de production d’énergie électrique consomment 15% de l’offre nationale de GN, la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg) avait, en janvier dernier, situé la consommation locale de gaz naturel entre 
40 et 45 milliards de m3, tablant aussi sur une consommation qui ira s’installer à hauteur paroxystique des 67 milliards de m3 en 2029.

C’est dire que l’ensemble des indicateurs et prévisions se rejoignent et s’accordent pour alerter contre l’ascension dangereuse de la consommation de gaz naturel en Algérie qui, en plus de menacer la disponibilité de cette ressource, réduit les volumes des exportations énergétiques du pays. Celles-ci risquent, effectivement, de s’amenuiser considérablement sous l’effet d’une consommation de plus en plus forte. Pour preuve, sur les 130 à 140 milliards de m3 de gaz qu’elle produit annuellement, l’Algérie n’en a exporté que 50 milliards de m3 en 2018, soit un volume tout juste équivalent à celui de l’année précédente. Face à cette situation, des analystes n’hésitent pas à aller plus loin dans leur alerte et mettent en garde contre le risque de voir un jour le pays passer carrément du statut d’exportateur de gaz à celui d’importateur. Les choses n’en sont pas encore à ce niveau du risque, et le pays jouit d’un potentiel en énergies renouvelables qui peut lui ouvrir les perspectives d’une offre interne largement suffisante, mais aussi des opportunités d’exportation certaines.

C’est ce qu’a d’ailleurs tenu à rappeler encore le P-dg de Sonatrach, en soulignant qu’«avec un taux de pénétration de 60%, cette formidable croissance du gaz naturel ne devra pas faire occulter la problématique de sa disponibilité, étant une énergie précieuse et non renouvelable», c’est pourquoi, «nous devons penser à une consommation avec la plus grande efficience, et investir inéluctablement dans les énergies renouvelables comme sources intarissables et incontournables», a-t-il plaidé, signalant qu’une politique de mise en valeur des ressources inépuisables, telles que le solaire, «pour diversifier les sources d’énergie et préparer l’avenir a été tracée» Placé au rang de priorité nationale, ce programme consiste à installer des unités de production et de fourniture d’énergies d’origine renouvelable pour le marché national et réaliser ainsi des économies d’énergies pour l’ensemble des secteurs en introduisant de nouveaux modes de consommation tels l’éclairage performant, l’isolation thermique, les carburants propres et des équipements industriels performants, a fait savoir le premier responsable de Sonelgaz. Un projet de 343 MWc en solaire photovoltaïque a été lancé en 2014, ainsi que deux projets pilotes expérimentaux en 2011, à savoir la centrale solaire photovoltaïque de Ghardaïa de 1,1 MWc et le parc éolien d’Adrar, de 10,2 MWc constitué de 12 éoliennes, a-t-il rappelé.

Il reste toutefois que la promotion que fait l’Algérie de son programme sur les énergies renouvelables est loin d’attirer grand monde. Bien au contraire, ce programme semble n’intéresser que très peu d’opérateurs. C’est ce qui a été, en tous les cas, vérifié, il y a à peine une quinzaine de jours lorsque, sur les 93 opérateurs ayant initialement répondu à l’appel d’offres et retiré les cahiers des charges pour quatre wilayas (Ghardaïa, Biskra, Ouargla et El Oued), 8 seulement étaient au rendez-vous de l’opération d’ouverture des plis techniques.