La campagne “consommer local” semble constituer une excellente opportunité pour promouvoir la production locale et freiner ainsi les importations. Mais pour des experts, le gouvernement se trompe de cible. On devrait plutôt opter pour des campagnes “produire local”. En clair, la production locale n’est pas suffisante en quantité et en qualité dans de nombreuses filières. L’Algérie importe presque tout. Il n’est pas normal qu’après cinquante ans d’Indépendance, l’Algérie continue à importer du ciment, du rond à béton.
Pour ces experts, cette campagne fait figure de poudre aux yeux, tant l’Algérie reste les mains et pieds liés face aux lobbies de l’import-import. Inverser la tendance suppose changer de trajectoire.
Produire local, en un mot assurer une offre locale en quantité et qualité passe par une série de mesures appliquées sur le terrain en vue de promouvoir la production nationale : libérer l’acte d’investir, améliorer le climat des affaires, adopter une fiscalité intelligente, incitative pour les producteurs et les investisseurs. Le producteur ou l’investisseur, qui crée des emplois durables, devrait bénéficier d’avantages. On entre ainsi dans un écosystème où l’acte de production est plus avantageux, plus incitatif que l’acte d’importation.
Par des mesures pratiques, l’État pourrait ainsi réguler de manière à ce que se développe une véritable industrie de substitution aux importations. Encore faut-il que cet élan ne soit pas contrarié par les conflits d’intérêts. Du reste, l’investissement dans les hautes technologies, les investissements de taille devraient être favorisés si on veut avoir une place sur la scène économique internationale. Il convient donc non seulement de couvrir les besoins nationaux mais également de dégager des excédents à l’exportation.
Produire local suppose également maîtriser les circuits de distribution. Tant que nous n’aurons pas une chaîne de distribution moderne, où les règles de transparence, de traçabilité, de concurrence loyale jouent, les produits importés, même non conformes ou contrefaits, seront privilégiés par rapport aux produits locaux. De telles pratiques inhibent actuellement l’acte de production.