Par A. Mallem

«C’est un véritable désastre !», ont-ils ajouté en critiquant abondamment les autorités «qui ont voulu engager le chantier global de la restauration des mosquées, des zaouïas et de la vieille ville en général en tombant dans la confusion entre la loi régissant l’attribution des marchés publics et celle relative à la préservation du patrimoine qui avait déclaré toute la vieille ville zone protégée».
Dans la partie inférieure de la vieille ville de Souika qui surplombe le précipice du Remis, plus exactement devant le moulin du «Chatt», se dresse, dans un passage étroit situé dans le prolongement de la rue Mellah Slimane, l’échafaudage en bois consolidé de la mosquée Tidjania, fermée elle aussi. Là, les riverains, des vieux et des jeunes, que nous avons rencontrés sur le lieu, n’ont cessé, tout au long de notre entretien, de maudire le sort «et ceux qui sont derrière cette œuvre de «chitane», cette entreprise de destruction des anciennes mosquées de la vieille ville».
«Pourtant, ont-ils affirmé, la nôtre était bien solide, bien aménagée et elle n’avait nullement besoin d’être restaurée. Il y a quelques années, un bienfaiteur avait dépensé plus de 78 millions de centimes pour l’aménager et la doter de toutes les commodités nécessaires: chauffage central, climatisation, changement de tous les tapis, modernisation du système d’eau et des sanitaires, etc. Dieu l’a rappelé il y a quelques années alors qu’il était en pleine prière dans la salle de la mosquée. Mais la ministre de l’époque est venue et d’un simple coup d’œil elle a décidé que la mosquée devait être fermée pour subir une opération de restauration. Et depuis, ses portes demeurent scellées et elle est habitée, aujourd’hui, par les rats et les araignées qui y ont tissé leurs toiles. Pendant ce temps, nous, les fidèles, nous nous répartissons entre les quatre grandes mosquées qui sont en activité dans la vieille ville et nous n’accomplissons plus la prière dans les escaliers, dans la rue et les places publiques en ressentant beaucoup de nostalgie pour notre mosquée. Car nous nous sentions bien chez nous et cela nous éviterait les déplacements pénibles», disent encore nos interlocuteurs.
Pour terminer, rappelons que le ministre de la Culture, M. Azzedine Mihoubi, intervenant au début de ce mois de mai 2018 à l’Assemblée populaire nationale afin de répondre à des questions des députés, a déclaré que «la situation des anciennes mosquées de Constantine sera régularisée en 2019». Et que «le retard accusé dans la restauration est dû à l’annulation ou le désistement des contrats conclus avec les bureaux étrangers en charge des études de restauration». Et d’ajouter ensuite que la fermeture concerne 14 anciennes mosquées et qu’elle dure depuis plus de trois ans. Il citera quelques-unes de ces mosquées à l’instar des mosquées de Sidi Lakhdar, Ibn Badis, Tidjania, Sa’ida Hafsa et Othmane Ibn Affane.