Après la raffinerie d’Augusta acquise récemment en Italie, Sonatrach pousse les feux en Turquie avec, comme perspective quasi garantie, l’implantation d’une usine de polypropylène sur le sol turc.
Le conglomérat turc Ronesans Holding et la compagnie algérienne Sonatrach vont investir plus d’un milliard de dollars dans la construction d’une usine de polypropylène en Turquie. L’installation sera construite dans la zone industrielle de Ceyhan, dans la province d’Adana au sud de la Turquie. C’est pour la première fois que le montant d’investissement du groupe Sonatrach en Turquie a été annoncé. Il a été donné, hier, par le président de Ronesans Holding, Erman Ilicak, et qui porte sur un investissement de 1,2 milliard de dollars au total, rapporte l’agence Reuters. Le contrat avec le partenaire turc sera signé “dans un avenir proche”, à en croire le patron du groupe Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kadour. “Nous sommes bien avancés dans nos discussions avec le partenaire turc, et je crois que nous allons signer, incessamment avec le partenaire turc pour la réalisation d’une unité de propylène en Turquie”, a précisé
M. Ould Kaddour dans un point de presse tenu à l’issue de la cérémonie de signature d’un contrat entre une filiale de Sonatrach et le britannique Petrofac pour l’augmentation des capacités de production du gaz des champs de Tinhert. Après la raffinerie d’Augusta acquise récemment en Italie, Sonatrach pousse les feux en Turquie avec, comme perspective quasi garantie, l’implantation d’une usine de polypropylène sur le sol turc. La compagnie publique des hydrocarbures continue ainsi de réorienter ses activités vers l’international. Cet investissement permettra au groupe d’Abdelmoumen Ould Kaddour de réduire ses importations des produits propylènes en provenance notamment de la Chine. Le projet turc de Sonatrach acte par la même la volonté du groupe d’accélérer sa stratégie d’internationalisation avec, comme premier élément de conquête, l’acquisition de la raffinerie Augusta en Italie, la création d’une joint-venture dédiée au négoce international et à la commercialisation de produits raffinés, l’ouverture de l’activité de l’exportation de gaz naturel aux partenaires étrangers et l’investissement dans une plateforme de production de polypropylène en Turquie. Ces investissements illustrent en tout cas la conviction de Sonatrach que seuls les investissements à l’international pourraient compenser, en partie, la chute des revenus du pays en devises conséquemment à la baisse des cours du brut sur le marché international. La stratégie de Sonatrach, équilibrée entre la réduction des importations de certains produits qui seront fabriqués dans ses installations à l’étranger et conquérir des marchés extérieurs dans le domaine du raffinage et des produits pétroliers, semble gagnante, du moins sur papier. Dans son projet en Turquie, en association avec Ronesans, Sonatrach sera actionnaire avec 30% et fournira la charge qui est de 450 000 tonnes de propane pour l’unité. Un mémorandum d’entente avec la société turque a été signé en août 2017 pour la réalisation d’une étude de faisabilité sur un projet d’installation de déshydrogénation du propane en Turquie. En tout cas, l’appétit de Sonatrach pour la pétrochimie n’a jamais été aussi féroce, notamment à l’international où le groupe a été jusqu’ici quasi absent, à l’heure où nombre de sociétés nationales d’hydrocarbures accéléraient dans les acquisitions et les joint-ventures à même de peser sur l’échiquier mondial de produits raffinés.
Ali Titouche