Les participants à une rencontre, organisée mardi à Oran sous le thème « Devoir d’histoire et processus mémoriel », ont insisté sur la « construction d’un discours national opposé aux thèses coloniales ».
Pour Hassan Remaoun de l’université d’Oran et du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), il est impératif de construire un discours national opposé à celui qui tendait à servir de légitimation du système colonial.
« Il faut construire une contre-histoire pour dire qu’il y a un passé algérien », a déclaré ce chercheur, tout en ajoutant que « l’histoire n’est pas la mémoire, mais peut en user ».
Le conférencier a également souligné « qu’histoire et mémoire ne sont pas tout à fait similaires », expliquant que la mémoire « est un processus universel qui existe partout, ayant un trait anthropologique, donc lié à l’espèce humaine et a tendance à glorifier tel ou tel personnage et tel ou tel fait, alors que l’histoire est une discipline académique qui, sans négliger l’historiographie, est écrite de la manière la plus objective possible. »
Pour sa part, le chercheur Fouad Soufi du CRASC, s’est élevé contre ce qu’il a qualifié « d’agressions » sur Internet contre l’histoire et la mémoire du pays, et le fait de réduire l’histoire de l’Algérie à la guerre de libération nationale, alors que « l’Histoire du pays est beaucoup plus ancienne ».
Concernant le processus mémoriel, il privilégie le souvenir et le partage. « Ce processus serait de se souvenir et de partager, mais pas d’imposer un moment ou des moments à d’autres, des personnages ou des tribus à d’autres », a-t-il estimé.
Abondant dans le même sens, Jean-Robert Henry du Centre national de recherche scientifique (CNRS) de France, a soutenu qu’il ne faut pas confondre histoire et mémoire.
« Il ne faut pas être prisonnier du travail de mémoire, mais faire le détour de l’histoire pour accueillir toutes les mémoires au profit de l’histoire », a-t-il souligné, suggérant qu’ »il faut écrire une histoire audible des deux côtés (Algérie et France) ».
Un débat fructueux ayant suivi l’intervention des trois chercheurs a permis de développer ces approches, lors de cette rencontre initiée par le CRASC.