Demain vendredi, le mouvement de contestation populaire devrait clôturer une période estivale qui s’est caractérisée par une endurance remarquée. A la veille de la rentrée sociale, qui s’annonce particulièrement agitée, il est attendu un nouveau souffle qui pourrait imprimer une nouvelle dynamique que les adeptes du mouvement annoncent importante.
Le Hirak aura finalement réussi le pari de passer la période des vacances sans fléchir. Depuis le 22 février, le mouvement populaire aura été au rendez-vous, chaque vendredi, à Alger et dans les grandes villes du pays. Les Algériens ont continué à sortir dans la rue pour exiger le changement du système et refuser les solutions palliatives. Le mouvement aura suivi particulièrement toutes les péripéties de la crise, exprimant à chaque fois ses positions récurrentes au niveau des slogans et des affiches.
En parallèle, la crise politique, qui n’a pas pris de vacances, semble toujours sans issue. Le dialogue entrepris par l’instance de médiation, dirigée par Karim Younès, aura donné un semblant d’activité politique, sans grand résultat. Cette initiative émanant du pouvoir afin de dépasser une situation de blocage, devenue périlleuse pour la sécurité du pays, aura brillé par son caractère approximatif. Pour ce dernier vendredi du mois d’août, on se trouve face à un clivage béant entre ceux qui estiment impératif le retour à l’élection présidentielle, avec la mise en place d’une commission indépendante de surveillance de ces élections, et ceux qui refusent un scrutin dans les conditions actuelles exigeant des préalables pouvant servir de garanties.
Tension sociale
La situation politique semble, six mois après le déclenchement du mouvement, toujours difficile. Il subsiste toujours une véritable difficulté à trouver un consensus sur une plateforme pouvant permettre une sortie de la situation. La crise institutionnelle ne trouve toujours pas d’issue, l’actuel chef de l’Etat assurant un intérim dont les limites ne sont pas connues. L’offre politique sur le terrain ne brille décidément pas par sa richesse ni par ses ouvertures à la mesure de la situation historique dans laquelle se trouve aujourd’hui le pays. L’Algérie de l’après-Bouteflika continue inlassablement à se chercher. La situation d’intérim du chef de l’Etat et celle d’un Premier ministre particulièrement fragilisé semblent constituer de véritables symptômes d’une crise sans issue.
A cette situation politique et institutionnelle inextricable, risque de se superposer une contestation sociale devenue habituelle à chaque rentrée. A quelques jours de la rentrée, un regain de tension est perceptible. L’actualité rapporte de plus en plus de menaces de grèves et autres coupures de routes. Autant de mouvements qui peuvent se durcir au cours des semaines prochaines et pour lesquelles le pouvoir n’a pas de réponse. Et pour cause, la situation économique du pays n’est pas pour rassurer. Les indicateurs sont au rouge, marqués par un prix du baril instable et un niveau des réserves de change à la baisse. Les autorités semblent loin d’avoir les mêmes possibilités que celles de l’année dernière à la même période. «Acheter la paix sociale» semble aujourd’hui plus compliqué qu’auparavant. Le pouvoir aura vite fait d’ailleurs de désamorcer une bombe sociale qui menaçait sérieusement. En nommant des administrateurs pour gérer les entreprises appartenant aux patrons en détention préventive, l’Etat voudrait rassurer les milliers de travailleurs qui menacent de sortir dans la rue, craignant pour leurs emplois et salaires. C’est au cœur de cette crise multidimensionnelle que le Hirak aborde son dernier vendredi d’août. En attendant la rentrée.
Adlène Badis