Contribution: Le système d’éducation algérien classé avant dernier par l’OCDE-PISA test

Contribution: Le système d’éducation algérien classé avant dernier par l’OCDE-PISA test

L’OCDE vient juste de publier le classement 2016 de l’enquête menée par le Programme for International Student Assessment (PISA). Le but de cette enquête est d’évaluer le rendement des systèmes scolaires de la majorité des pays dans le monde. Encore une fois, l’Algérie arrive bon avant- dernier du classassent, juste devant le dernier de la liste, la République dominicaine. Benghabrit a du pain sur la planche.

C’est quoi le classement PISA ?
C’est un Programme international pour le suivi des acquis des élèves. Ce programme est réalisé par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques). Avec des notes standardisées, le programme a pour objectif d’évaluer  les performances des systèmes éducatifs des 34 pays membres d’OCDE plus un certain nombre de pays partenaires dont l’Algérie. L’enquête est publiée tous les trois ans après avoir évalué  des milliers d’adolescents.
En 2015,  540 000 élèves des 72 pays ont été évalués. Cet échantillon est statistiquement représentatif des 29 millions de jeunes de 15 ans.   Le but éducatif est de mettre en évidence  ce que les élèves de cet âge savent et ce qu’ils peuvent faire avec leur savoir.
Trois sujets ont été  évalués á savoir les sciences, la compréhension de l’écrit et les mathématiques avec une concentration marquée sur la science car, selon les organisateurs, celle-ci est présente partout dans nos vies quotidiennes. Il est à noter que ce test n’est pas un test cognitif qui mesure le niveau d’intelligence des élèves.  C’est un test purement académique basé sur les connaissances acquises.
Nous constatons tristement le terrible verdict qui a dévoilé l’inefficacité de  notre système d’éducation défaillant et improductif pour se rendre compte qu’enfin nous sommes les derniers élèves sur cette planète.  Sans surprise dira l’autre ! L’Algérie est classée 69 sur 72 pays évalués. Un constat amer, triste et profondément affligeant.
Par ailleurs, les bons élèves se trouvent sur l’autre coté de la planète, en Asie.  Singapour et le Japon raflent respectivement la première et la deuxième place ; en Europe, l’Estonie prend la 3ieme place alors que la Finlande, habituellement première de la classe, glisse á la 5ieme place. La France, pays de référence pour nous, algériens,  est classée á la 26ieme place.
Etant classé 7ieme, le Canada  se hisse á la première place dans les deux contenants Américains.  Les Etats-Unis, champion des Nobels,  se contentent de la 25ieme place. Les meilleurs élèves des pays arabes sont les Emirats Arabe Unis (46ieme) et le Qatar (56ieme).  Tous les pays concernés attendent avec impatience ces résultats pour apporter des ajustements et des reformes productives pour rendre leur système d’éducation plus performant.
Notre ministre de l’éducation aura-t-elle ce reflexe ? J’en doute ! Malgré ce terrible constat, la presse algérienne, par ignorance ou par manque de professionnalisme, est restée silencieuse ;  il n’y a aucune ligne sur le sujet ni dans nos journaux en langue arabe ni dans ceux en langue française de ce matin. Aucun mot non plus á la télévision alors que ce désastre de l’éducation algérienne est bien pire que la défaite de l’équipe nationale de foot, pire  qu’un tremblement de terre et pire que la dégringolade des prix de baril de pétrole dont notre survie matérielle en dépend.
Ceci nous renseigne sur l’état d’esprit de nos responsables politiques car ni le premier ministre ni même la ministre de l’éducation n’en ont fait état. C’est de l’inconscience généralisée. Sous d’autres cieux sérieux, avec un tel échec, la ministre aurait présenté sa démission sur le champ. Chez nous, cela arrive que chez les entraineurs de foot !

Les causes probables  de cet échec.

Les causes sont multiples et variées,  mais visibles. N’importe quel algérien nous dira les tares  du système éducatif algérien : c’est des classes surpeuplées,  des moyens didactiques limités, des enseignants sans formation pédagogique adéquate, des grèves á répétition et des moyens financiers largement en deçà des besoins des élèves.
L’Algérie manque cruellement de stratégies quant à son investissement humain dans l’éducation. Donc il est nul besoin d’être étonné de ce piètre résultat.    Les pays asiatiques ont longtemps compris le placement des priorités, et le centre de la carte du monde ne sera plus l’Europe comme il est le cas actuellement mais bien le continent asiatique.
Prenons l’exemple du Vietnam, une ancienne colonie française, qui a eu son indépendance bien après l’Algérie et n’a réalisé sa réunification qu’en 1976 après une guerre terriblement meurtrière contre les américains, son système éducatif est classé 8ieme sur 72 pays, dépassant largement la France et les Etats-Unis classés respectivement 26ieme et 25ieme. Les pays asiatiques ont su prioriser les besoins: l’investissement dans le citoyen est pour eux la priorité des priorités.
A l’opposé, l’Algérie a investit ou plutôt gaspillé son argent dans le bêton et  construction des édifices administratifs non productifs (wilayas, dairas, mairies, agences routières…etc.).  La crise est là, elle est douloureuse. L’incompétence aussi ; elle fait des ravages.  Qui prendra la relève pour y remédier. Rien ! La matière grise a été sciemment négligée et nous en payons les conséquences.

Y a-t-il des remèdes á notre système malade ?

La métastase a tellement fait des dégâts dans tous les parties du corps de l’éducation, qu’il serait difficile á n’importe quel expert de dresser un protocole thérapeutique efficace. Allons-nous donc croiser les bras et regarder notre génération mourir á petit feu ?
Bien sûr que non diront les conscients, les optimistes, les éducateurs crédibles, les parents et les élèves eux-mêmes.  D’autres nations, en particulier la Chine, la Corée, le Vietnam, le Cambodge, La Malaisie, qui hier, fermaient la liste se trouvent actuellement leaders en matière d’éducation. Il n y a pas une recette miracle mais cela n’empêche pas de faire des suggestions.
Tout d’abord il faut :
-que nos experts aillent faire un tour chez ces pays et voir ce qui marche chez eux et ce qui ne marche pas chez nous afin de faire des ajustements nécessaires ;
-que le budget de l’éducation soit revu à la hausse en le plaçant à la première priorité des investissements de l’Etat ; crise ou pas, il y a urgence ;
– que les curriculums ou les programmes soient revus et adaptés aux exigences scientifiques modernes en introduisant des équipements didactiques adéquats;
-que la formation des enseignants en pédagogique soit le top des priorités pour assurer un enseignement de qualité ;
-que l’approche pédagogique soit plus axée sur la réflexion, le raisonnement,  et la résolution des problèmes que sur l’absorbation des connaissances que les étudiants doivent vomir lors des examens ;
-que les classes soient allégées pour réduire le surpeuplement. Le nombre de 25 élèves par classe serait l’idéal pour transmettre le savoir dans des conditions convenables à la fois pour l’élève et pour l’enseignant;
-que les salaires des enseignants soient revus à la hausse pour booster la motivation des enseignants et réduire l’absentéisme.
Un pays qui paye bien ses enseignants génère une éducation de qualité.   Un enseignant á Singapour, en Allemagne, au Canada, en Suisse en Finlande est payé autant qu’un ingénieur en aéronautique même dans les périodes de vaches maigres. En contrepartie, la direction de l’éducation sera plus exigeante en termes de rendement ;
-que le système scolaire soit plus équitable. Les élèves en difficultés scolaires (troubles d’apprentissage, troubles de développement, l’hyperactivité, autisme, défiance á l’autorité, troubles de langage…etc) ont besoin d’être pris en charge en développant des programmes spéciaux et individualisés selon le type de difficulté en y associant des psychopédagogues bien formés et des éducateurs de la petite enfance spécialisés;
– que le curriculum au niveau secondaire soit organisé suivant le model anglo-saxon ; c’est-à-dire  en modules comme á l’université et non en programmes comme le cas actuellement. Ainsi l’étudiant aura le choix des cours selon ses points forts et ses intérêts professionnels dans le cursus postsecondaire.  La transition secondaire-université sera plus facile et moins problématique pour l’étudiant de première année universitaire.
-que le mode d’examen du baccalauréat soit reformé en le replaçant par  des examens finaux dont les résultats seront cumulés avec ceux des examens de contrôle continu. Il est aberrant d’évaluer un élève sur ce qu’il produit en 5 jours en négligeant tout l’effort qui l’aurait produit durant toute l’année.
Cela serait plus juste et réduirait en conséquence le niveau de stress, de l’anxiété, et la dépression qui a causé pas mal de suicides après l’annonce des résultats de baccalauréat.
Enfin voila quelques suggestions tirées de ma modeste expérience professionnelle dans le domaine car les raisons d’un échec sont nombreuses et les méthodes de redressement aussi. Mais il y a une chose qu’il faut savoir : un peuple sans éducation est un peuple condamné á vivre dans le sous-développement. Le peuple algérien ne mérite pas ça.