une nouvelle Société nationale, chargée de la création et la gestion des marchés au niveau national, sera mise en place prochainement, a annoncé le ministre du Commerce, Mustapha Benbada.
Interpellé par un bon nombre de députés de l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a reconnu « l’instabilité et l’informel » qui caractérisent les marchés algériens. Dans le cadre de la lutte contre la spéculation sur les produits de large consommation, le ministère du Commerce va renforcer son dispositif de lutte contre toutes sortes de spéculations, et de contrôle de l’ensemble des pratiques commerciales.
Le ministre a déclaré, à ce titre, le recrutement, cette année, de 7 000 agents de contrôle en plus des 3 000 existants à l’échelle nationale. 1 000 agents prendront leur fonction incessamment, pour protéger le consommateur contre la fraude dans les marchés à l’approche du mois de Ramadhan. Il sera question également de créer un Institut de formation au profit de ces agents.
S’exprimant en marge d’une séance consacrée à l’examen du projet de loi amendant et complétant la loi N° 04-02 du 23 juin 2004, fixant les règles applicables aux pratiques commerciales, ainsi que le projet de loi amendant et complétant l’ordonnance N° 03-03 du 19 juillet 2003, relative à la concurrence, le ministre a déclaré la création d’un Conseil de la concurrence avant la fin de l’année, dans le cas ou les textes seront finalisés d’ici là, a précisé le ministre, en vue de renforcer son dispositif de lutte contre toutes sortes de spéculations, et de contrôle de l’ensemble des pratiques commerciales afin de protéger le consommateur.
À propos de ces lois, Benbada dira que celles-ci introduisent, le plafonnement des marges pour justement tenter d’endiguer la hausse excessive des prix, « la loi sur la concurrence en a dessiné le plafond, nous veilleront à ce que le jeu de la concurrence soit loyal et sur l’approvisionnement du marché », a-t-il dit.
Cependant, ces mesures ne seront pas appliquées dans l’immédiat, a-t-il précisé. Nous assisteront à des moments de monopole imposé, car il y’aura des personnes qui vont se retirer du marché en raison des prix qui ne les arrangent pas, a-t-il poursuivi.
Concernant les prix pratiqués, selon le ministre, ils sont fixés selon la loi de l’offre et de la demande. Il a affirmé devant les députés que son département doit trouver les mécanismes qui permettront d’atténuer la flambée des prix des produits de base.
Des prix que le ministère avait auparavant justifiés en expliquant que les principaux produits (lait, semoule…) dépendent des marchés mondiaux. Le premier responsable du secteur a déclaré dans ce contexte, la création de 1 800 marchés locaux, 50 nationaux et 20 régionaux
Rebiha Akriche
Les députés pas convaincus: «Les barons du commerce sont épargnés»
La flambée des prix des produits alimentaires a donné matière à réflexion aux pouvoirs publics. Ces derniers afin de juguler un tant soi peu, le marché, ont décidé de sortir l’artillerie lourde à travers l’amendement de l’ordonnance relative à la concurrence et de la loi portant pratiques commerciales.
Des mesures seront prises. Il s’agit entre autre de la création des espaces de ventes pour lutter contre la spéculation, le recrutement des agents de contrôle, l’installation sous peu du Conseil national de la concurrence.
Ces procédures ont été présentées, hier, à l’Assemblée populaire nationale (APN) par le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Celui-ci, afin de mener à bon port son entreprise de lutter contre la hausse des prix, mise sur la triptyque : fixation, limitation et homologation des prix.
Sauf que ce nouveau texte révisé n’a pas pu convaincre pour autant les élus du peuple. Ces derniers estiment que « ce texte est destinée plutôt aux simples commerçants et épargne les barons du commerce ».
Les députés feront savoir que le mal du commerce et par extension de l’économie nationale est sans contexte, le marché informel d’où l’impérieuse nécessite d’y remédier. Ramedane Taâzibt du Parti des travailleurs (PT) indiquera que cette loi est la bienvenue mais elle reste tout de même insuffisante. Et ce pour la simple et bonne raison, qu’elle ne s’attaque pas aux vrais maux du commerce national ; le marché informel, la spéculation mais surtout les barons du commerce national.
De son côté, Hakim Saheb du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), soulignera que le gouvernement manque de volonté pour contrôler les transactions commerciales mais aussi à mettre fin au commerce parallèle qui font le beau et le mauvais temps de l’économie nationale.
Même son de cloche chez Tahar Besbes qui soutient que le gouvernement ne sait point sur quel pied danser ni sur quelle stratégie économique se pencher. En un mot, pour ce dernier le gouvernement manque terriblement de vison économique au moment ou 70% des transactions se font dans l’informel.
Les députes estiment que la plafonnement, encore mois la fixation des prix, ne constituent pas forcément la solution. Celle-ci, selon toujours les même députés, réside dans le renforcement des mécanismes du contrôle qui doit se faire sans exclusion aucune autrement dit, un contrôle qui n’épargne pas les barons du commerce et autres importateurs.
Sur ce registre, les intervenants ont mis l’accent sur l’impérieuse nécessite de soumettre cette activité (import et export) à un cahier de charges très strict. Dans cette optique, ils reprochent à l’État son manque du courage pour contrôler le marché national et s’attaquer au lobbying qui monopolise l’activité commerciale.
C’est ainsi que les parlementaires sont unanimes à soutenir que la loi telle qu’elle est conçue et modifiée par la tutelle ne réglera pas la problématique de flambée des prix qui caractérise le marché des produits alimentaires et de surcroît de première nécessité.
Enfin, les députés préconisent une batterie de mesures à même de mettre fin à cette anarchie qui règne en maîtresse des lieux au niveau des marchés et par ricochet mettre le holà à la hausse des prix.
L’on cite entre autres, l’augmentation des salaires afin de pouvoir faire face à la cherté de la vie, encourager la production nationale pour faire face aux perturbations ayant mené à cette hausse vertigineuse des prix, la fixation de la marge bénéficiaire et pour le simple commerçant ainsi que pour l’importateur et le producteur
À cela, il y a lieu d’ajouter la lutte contre l’informel qui gangrène l’économie nationale, l’ouverture du champ de l’importation basé sur la transparence dans les transactions, la mise en place des Offices de régulation.
D’autant que ces derniers ont fait leurs preuves notamment pour ce qui est de la pomme de terre et les céréales où il a été enregistré une augmentation appréciable qui a permis à l’Algérie d’exporter cette année de l’orge et ce après de longues années de disette. Le cas échéant, le texte portant régulation du marché ne sera «qu’une goutte d’eau dans un océan», ont conclu les parlementaires.
Amokrane Hamiche