Alger et Moscou semblent en phase pour renouer de solides relations économiques, en tout cas les hisser au niveau de la coopération politique entre les deux pays.
C’est en tout cas l’un desmessages délivré par lesdeux parties à l’occasion de la réunion à Alger de la 4e commission intergouvernementale mixte de coopération économique, commerciale, scientifique et technique.
Certes, les relations entre les deux pays sont «excellentes», et la coopération militaire en est le parfait exemple avec des contrats d’armements de plusieurs milliards de dollars, selon des observateurs qui font remarquer que si Alger diversifie aujourd’hui ses achats de matériel militaire, Moscou reste le principal partenaire. Mais les deux pays veulent aller encore plus loin dans leur coopération et rattraper le retard perdu depuis les années 90, après la chute du régime soviétique.
A Alger, l’effort politique est mis pour attirer les grandes entreprises industrielles russes en Algérie et, surtout, les intéresser à participer au programme national d’investissement pour les cinq années prochaines. Lors des travaux de la 4e commission intergouvernementale, coprésidée par le ministre des Finances Karim Djoudi et le ministre russe de l’Energie Serguei Chmatko, l’Algérie, par la voix de son premier argentier, a clairement appelé, mercredi, les entreprises russes à apporter leur contribution dans l’exécution des différents projets inscrits dans le programme d’investissements publics pour la période 20102014, un programme doté d’un budget de 286 milliards de dollars. M. Djoudi a souligné, à l’ouverture des travaux de cette session, que ce programme permettra «d’initier des partenariats dans le cadre d’appels d’offres lancés pour la réalisation de ces grands projets».
Les grands investissements prévus par ce plan quinquennal permettront aussi de «substituer, à terme, la dépense publique par celle privée qui sera, en grande partie, financée par les investissements étrangers», a-t-il ajouté, invitant les entreprises russes à venir sur le marché algérien et participer, en soumissionnant pour de grands projets, à l’effort de développement national.
Il a, ainsi, réitéré «l’entière disponibilité de la partie algérienne pour la mise en place d’un partenariat économique fondé sur l’encouragement mutuel des investissements, ainsi que le transfert de savoir-faire et de technologie de la part des entreprises russes». Plusieurs créneaux seront ouverts à cette coopération, a laissé entendre M. Djoudi, notamment dans les domaines de l’utilisation à des fins civiles de l’énergie nucléaire, le transport maritime et l’exploration pacifique de l’espace.
Pour le ministre russe de l’Energie, M. Chmatko, l’Algérie constitue «un partenaire clé de la Russie dans la région», affirmant la volonté des autorités de son pays de promouvoir et diversifier la coopération économique bilatérale. M. Chmatko, qui connaît bien les potentialités économiques de l’Algérie, notamment dans le domaine énergétique, a ainsi confirmé l’intérêt de la Russie et sa disponibilité pour contribuer à la réalisation du programme d’investissements publics pour les cinq prochaines années.
«Les sociétés russes sont prêtes à apporter leur savoir-faire dans les domaines de coopération sollicités par l’Algérie comme les travaux publics et les ressources en eau, mais aussi les transports maritime et ferroviaire ainsi que l’industrie aéronautique.». Pour autant, tout devrait devenir clair lorsque, a-t-il précisé, certains points en suspens seront réglés. Sans les nommer, il a relevé en effet «l’urgence de résoudre les points en suspens afin de concrétiser les différents projets de partenariats initiés par les deux pays».
Mais, concrètement, la coopération et les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Russie restent en deçà des aspirations des deux chefs d’État, qui avaient signé un accord de partenariat stratégique en 2001. Le volume des échanges commerciaux, hors domaine militaire, est de moins d’un milliard de dollars en 2009.
Yazid Alilat