L’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani, a exhorté, mardi dernier, l’Union européenne (UE) à impliquer davantage ses partenaires dans la définition et la mise en œuvre des politiques dans les pays du voisinage pour pouvoir faire face aux défis qui s’imposent à elle en matière de sécurité.
M. Belani, qui s’exprimait à l’occasion d’une rencontre-débat sur le thème de la «Coopération euro-méditerranéenne face aux défis sécuritaires» au Parlement européen, a estimé que pour faire face à ces défis et aux conflits, «il y a urgence de changer d’approche en impliquant davantage les pays partenaires de l’UE, et ce pour parvenir à une vision véritablement partagée fondée sur le dialogue inclusif, la clarté dans les positions et l’équilibre des intérêts».
«Ce n’est que sur la base d’une vision partagée que l’action commune sera efficace», a affirmé l’ambassadeur d’Algérie auprès du Royaume de Belgique et du Grand Duché de Luxembourg et Chef de mission auprès de l’Union européenne.
La problématique du terrorisme, qui est au cœur des préoccupations européennes, a-t-il poursuivi, constitue une priorité pour l’Algérie, «soucieuse de préserver sa sécurité dans un environnement régional marqué par la persistance et même l’extension de la menace terroriste».
Lors de cette rencontre qui a réuni les ambassadeurs des pays de la rive sud de la Méditerranée, à l’initiative du Parti populaire européen (PPE) au Parlement européen, M. Belani a relevé l’expérience pionnière de l’Algérie dans ce domaine et ses efforts, aujourd’hui internationalement reconnus, pour sensibiliser l’opinion internationale sur la gravité et la dangerosité de ce phénomène qui affecte désormais toutes les régions du monde. Il a rappelé, à ce titre, les mesures prises par l’Algérie dans ce cadre, ainsi que les nombreuses initiatives qu’elle a lancées, notamment dans le domaine de la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent, la criminalisation du paiement des rançons et la lutte contre le cyber-terrorisme. Se basant sur l’expérience algérienne, M. Belani a préconisé la mise en place d’une plate-forme destinée à recenser les expériences réussies des politiques menées au niveau des États de la région, afin de «servir de référent utile aux pays qui ont peu ou pas d’expérience dans ce domaine».
Les crises et les conflits qui secouent la région, longuement abordés lors de cette rencontre, ont permis à l’ambassadeur d’Algérie de mettre en exergue la médiation réussie de l’Algérie en tant que chef de file dans le processus de règlement de la crise au Mali.
Il a rappelé également les efforts soutenus de l’Algérie pour trouver une solution politique à la crise libyenne par le dialogue inclusif, afin d’asseoir l’autorité du gouvernement d’union nationale sur tout le territoire libyen et poser les fondements d’un commandement libyen unifié, «loin des calculs et autres arrière-pensées». Évoquant le conflit israélo-palestinien, M. Belani a regretté que l’obstruction systématique et les multiples entraves dressées par l’occupant israélien sur la voie d’un règlement de ce conflit, notamment à travers la politique d’implantation de «colonies sauvages» et de destruction des habitations palestiniennes et des infrastructures vitales, «ne suscitent que de timides condamnations» de la part de l’UE pourtant «résolument déterminée à jouer pleinement son rôle d’acteur global».
La question palestinienne
Il a estimé, dans ce contexte, qu’il est «fondé, désormais, de s’interroger sérieusement sur la viabilité de la solution à deux États, tant elle est minée par le rythme effréné de constructions illégales dans les colonies de Cisjordanie occupée». L’ambition de l’UE à assumer son rôle d’acteur global dans la région «devrait s’illustrer par une position plus affirmée en ce qui concerne les derniers développements qui ont marqué la situation au Sahara occidental», après le renvoi de la composante civile de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) et la violation par l’occupant marocain de l’accord de cessez-le-feu, selon M. Belani.
L’UE est appelée, par-delà la simple expression de sa préoccupation, a-t-il poursuivi, à «œuvrer en faveur de la pleine restauration du mandat de Minurso, surtout, à engager fermement les deux parties, le Front Polisario et le Royaume du Maroc, sur la voie des négociations directes afin de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple sahraoui conformément à la légalité internationale».
Évoquant la problématique de la migration, le représentant de l’Algérie auprès de l’UE a regretté que les différents documents institutionnels publiés par la Commission européenne, y compris la nouvelle stratégie globale de l’UE sur la politique étrangère et de sécurité, appréhendent cette problématique exclusivement sous l’angle sécuritaire, en proposant des actions concrètes et de court terme. Il a déploré, à ce titre, que «le volet développement qui est une dimension essentielle et indissociable de la gestion responsable et durable des flux migratoires ne fait l’objet que de vagues promesses sans consistance réelle».