La COP21 a accouché d’un accord. Difficile mais accord quand même. Il faut dire que la conversion de l’administration américaine avait préalablement mis la superpuissance carbonique dans le camp de la cause climatique. Et que la Chine, passée du statut de pollueur à celui de pollueur-victime, a admis sa part de responsabilité écologique. Et qu’enfin, il était devenu désuet pour tout gouvernement et toute politique publique de ne pas intégrer la problématique de la durabilité. Mais l’ampleur du succès se doit d’abord à l’efficacité de la diplomatie française.
L’activisme de certains États et des grandes ONG n’aurait pas pu, seul, avoir raison des égoïsmes nationaux et des divergences d’intérêts entre pays et groupes de pays, en effet. D’ailleurs, le consensus n’a pu être obtenu qu’au prix de concessions importantes, notamment sur les caractères contraignants du pacte.
Maintenant que l’accord est signé, on peut rappeler que ce ne sont pas les politiques qui ont été à l’avant-garde du combat pour la sauvegarde de l’équilibre de la planète. Des millions de citoyens du monde se mobilisent depuis des décennies, sacrifiant leur temps, énergie, intelligence et ressources, dans une cause qui, pour certains, était dérisoire et, pour d’autres, vaine. Dérisoire et vaine parce qu’elle fusait d’un monde où la question de produire toujours plus et de dénicher, pour cela de l’énergie toujours plus abondante et toujours moins chère. Il n’y a pas longtemps, l’écologie était encore considérée comme une coquetterie d’intégristes de la nature et d’opposants du développement. Difficile de prôner la remise en cause de paramètres qui, jusque-là, constituaient la mesure du développement économique : la disponibilité d’une énergie en quantité, et donc à bas prix, et le niveau de mécanisation de la production.
Demander aux politiques et aux entreprises de renoncer à une énergie qu’on peut ramasser à la pelle, demander à tous plus de sobriété dans leur mode de consommation et expliquer aux gens que le bien-être futur de tous passera désormais par les renoncements de chacun constituait une gageure. Le discours “développementaliste” avait formaté une mentalité universelle du “toujours plus”. Avec à peine un bémol sur les modalités de partage de ce “plus”.
L’accord de Paris constitue un tournant de ce long chemin de la défense du milieu terrestre souillé et de l’équilibre planétaire menacé.
Un tournant décisif inespéré, si l’on se rappelle de l’échec, récent, de Copenhague. C’est peut-être ce traumatisme qui a forcé Paris à la réussite. C’est la victoire du militantisme de la société engagée sur le nationalisme autocentré des pouvoirs politiques. Même dans la sphère politique, un mouvement de conversion évident vient de s’enclencher, accéléré par le dynamisme diplomatique français tout au long de l’année.
Mais que d’efforts restent à faire !