Les deux défis du vingt-et-unième siècle, le réchauffement de la planète et l’embrasement terroriste islamiste, se sont donné rendez-vous à Paris. Un rendez-vous fortuit, si l’on peut dire.
Les deux dangers ont ceci de commun : ils ont accédé à un niveau de nocivité qui menace la sécurité de millions d’humains, avec des effets à des échelles de temps peut-être différentes, mais les deux appellent des réponses d’une égale urgence. Les deux fléaux ont aussi en commun que leurs effets décasteurs ont vocation à s’étendre au-delà des frontières des pays qui les génèrent. Leur genèse est locale, mais leur nocivité est planétaire.
Le monde n’a jamais eu un tel niveau de conscience de retard dans le traitement du péril climatique. Il n’a, non plus, jamais exprimé un tel rejet de la violence terroriste que celui qu’il a manifesté au lendemain des attentats de Paris. En cette année 2015, la France est ainsi mise en situation de devoir gérer l’organisation d’une rencontre internationale d’une ampleur et d’une importance inédites au moment où elle est victime d’attentats d’une extrême barbarie.
Mais si la solidarité universelle s’est intellectuellement imposée comme condition pour conjurer le spectre du réchauffement climatique, d’une part, et pour contenir l’œuvre meurtrière du terrorisme islamiste, de l’autre, les États n’ont pas encore inventé la méthode qui leur permettrait de traduire cette communauté du risque en unité d’action. Les États, historiquement conçus pour organiser la solidarité interne d’une Nation, ne sont jamais parvenus, malgré des décennies de “Nations unies”, à se départir, en partie au moins, de leur stricte finalité de défense des intérêts de leurs peuples respectifs et à s’investir dans des causes de dimension humaine. Certes, selon les pays, des efforts de solidarité, d’aide au développement et de promotion de la paix sont consentis parfois par les États les plus puissants en faveur des plus démunis. Mais de programmes de dimension planétaire collectivement conçus et solidairement conduits, point !
L’État est l’expression d’un nationalisme qui, trop souvent, confine à l’égoïsme collectif. Ce “national-centrisme” a toujours fait des dégâts en termes de bellicisme et d’inégalité de développement des sociétés humaines. Mais, désormais, ses dommages sont sournois et frappent progressivement la terre entière, et déciment, une à une, les espèces vivantes qu’elle héberge.
Régulièrement, les sommets sur la planète testent l’évolution de la vision humaniste et universaliste des États nationaux. Une évolution rendue vitale par leurs propres abus d’égoïsme. Jusqu’ici, ces tests ont été décevants. Le problème est que tout changement de vision ne sera opérant que s’il est collectif. Le contexte particulier de Paris-2015 sera-t-il cette opportunité qui, parfois, impose ce genre de révolutions mentales ?
M. H.