Depuis trois semaines, une partie du centre d’appels d’Algérie Télécoms à Alger a été affectée à la cellule d’écoute mise en place par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à travers le numéro groupé 3030. Un chiffre déjà intégré par la majorité des citoyens et que bon nombre d’entre eux ont déjà sollicité.
En moyenne, je reçois quelques 300 à 400 appels par jour », affirme le Dr Mohamed Michari, coordonnateur d’une des 3 brigades mobilisées par la Direction de la Santé et de la Population (DSP) d’Alger, dans le cadre de ladite cellule d’écoute. Chaque brigade étant composée d’une douzaine de personnes, suspendues au téléphone, de façon quasi ininterrompue.
Sur la totalité des appels qu’il a reçus depuis que le centre d’écoute spécial coronavirus est fonctionnel, plus de la moitié émane de plaisantins « qui ont visiblement du temps à perdre », déplore Dr Michari.
Son confrère, Dr Ouafek estime entre 10 % et 15 % les appels « non sérieux » auxquels il réplique en « évitant de rentrer dans le jeu » des plaisantins qui pénalisent d’autres plus sérieux: « Nous finissons par les recadrer et certains redeviennent plus sérieux », explicite-t-il.
Au bout du fil, Mme Kadiri a, quant à elle, été confrontée à des appréhensions pour le moins farfelues, citant le cas d’un résidant à Baraki, qui « a exigé l’intervention du ministère de la Santé pour faire évacuer les ovins qui peuplent la villa de son voisin et qui, selon lui, représentent une menace pour la santé de ses enfants : « Il s’est plaint de l’odeur désagréable qui s’en sort et à cause de laquelle il maintient en permanence ses fenêtres fermées. Il a été jusqu’à me dire si mes enfants tombent malades, vous l’aurez sur la conscience. J’ai expliqué que cela n’a rien à voir avec le coronavirus mais il n’a rien voulu entendre.
J’ai dû user de psychologie, en lui disant qu’on allait garder son numéro de téléphone pour le rappeler », témoigne-t-elle. Elle révélera que quelques communicants citoyens, mis à l’aise par la distance qu’offre le téléphone, s’évertuent à poser « toutes les questions qui leur passent par la tête, dont certaines embarrassantes », au moment où d’autres, réalisant la voix féminine sur laquelle ils tombent, osent « aller plus loin dans le langage », s’indigne-t-elle.
Cela arrive à un moment où l’Algérie a enregistré 48 cas confirmés de coronavirus, dont 4 décès.