Corruption: 10 000 agents publics seront formés

Corruption: 10 000 agents publics seront formés

Un projet de décret présidentiel pour l’élargissement des missions des inspections générales au domaine de la prévention contre la corruption a également été finalisé.

La lutte contre la corruption ne semble pas encore donner des résultats visibles, au vu des signes de richesse extérieure que le PIB du pays ne saurait expliquer. Cela est un fait. Mais il semble que les pouvoirs publics n’aient pas baissé les bras pour autant.

La guerre contre ce fléau n’a de sens que si les principaux concernés prennent conscience du mal et des moyens de l’éviter, avant de le combattre. Cette «volonté» affichée au niveau des hautes sphères du pouvoir se matérialise sur le terrain par l’implication des agents administratifs eux-mêmes. Pour la première fois en Algérie, les fonctionnaires seront formés pour faire face à ce problème de société auquel ils sont confrontés quotidiennement. Un programme national de formation et de sensibilisation anticorruption des agents publics a été lancé hier à Alger à l’initiative de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (Onplc). A cette occasion, une convention a été signée par l’Onplc et l’Institut national de gestion et planification (Isgp) dans le cadre de la mise en oeuvre du programme. Signée par le président de l’Onplc, Brahim Bouzeboudjen et le directeur de l’Isgp M. Raked, cette convention fait office de véritable révolution. Elle vise à former, sur une période de trois ans, quelque 10 000 agents publics sur les politiques anticorruption. Elle se veut également comme une réponse concrète à la nécessité de protéger les agents publics et les institutions dans lesquelles ils exercent, contre les pièges de la corruption.

Ce programme national de formation des agents publics s’articule autour de neuf axes, dont «le cadre juridique et institutionnel», «la politique et la pratique de la prévention contre la corruption», «le Code de conduite des agents publics et des marchés publics», ainsi que «la gestion des finances publiques». Le président de l’Onplc a considéré, dans ce contexte, qu’«au-delà de la nécessaire modernisation des instruments et des outils de la gestion publique, la lutte contre la corruption est inconcevable sans une intégration forte de l’élément humain dans ses dispositifs». Car, il faut le dire, sans la contribution de l’homme, on peut mettre en place les meilleurs programmes anticorruption du monde, ils échoueront. A cet égard, l’Onplc préconise, outre ce programme de formation, d’autres actions comme la promotion de l’initiation au sein des établissements scolaires permettant de faire connaître les méfaits de la corruption et inculquer aux élèves la culture de rejet de ce fléau.

Il est question également d’encourager, dans les universités, le développement de travaux consacrés à une meilleure connaissance du phénomène de la corruption en tant qu’objet d’études et de recherches. Bouzeboudjen a également estimé que la lutte contre la corruption exige «des efforts certains» en matière d’amélioration de la gouvernance. Dans ce sens, il révèle qu’un projet de décret présidentiel pour l’élargissement des missions des inspections générales de l’administration publique au domaine de la prévention contre la corruption, a été finalisé au niveau de ses services. Selon lui, la réussite du programme envisagée est tributaire dans une large mesure du degré d’implication des départements ministériels et des wilayas à travers leurs inspections générales, d’où l’intérêt de l’élaboration dudit texte. «Il y a lieu de rappeler que le décret actuel encadrant les activités des inspections générales des ministères et des wilayas, qui date des années 1990, est devenu obsolète, par référence aux engagements internationaux de l’Algérie et aux nécessités d’une bonne gestion de l’administration publique», a-t-il précisé. M.Bouzeboudjen a estimé que «les inspecteurs généraux disposeront du fondement légal nécessaire pour conduire, au sein des ministères et des wilayas, et sous l’autorité des ministres et des walis, au domaine de l’action publique».

Il a expliqué, en outre, que le projet de décret, une fois adopté, viendrait également conforter l’instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, adressée aux membres du gouvernement le 30 novembre 2014, et qui a désigné l’inspecteur général de chaque département ministériel comme «point focal et le cadre organisationnel de prise en charge et de suivi des actions liées à la prévention contre la corruption au niveau sectoriel».Ce programme anticorruption semble donc tenir la route en prenant en compte tout les facteurs. Mais il faut reconnaître que depuis des années, les autorités sortent de beaux discours pour lutter contre ce fléau. Mais cela est resté au stade du voeu pieux! Des mesures ont certes été prises, toutefois elles n’ont pas eu le résultat escompté. Il reste donc à savoir maintenant si la formation des fonctionnaires est la solution «miracle»? Wait and see.